La musique a toujours fait partie intégrale du cinéma de Sophia Coppola, ses images fluides et langoureuses trouvant un écho flatteur dans ses bandes sons éthérées. Après Virgin Suicides dont la B.O. composée par Air est devenue une sorte d'objet de culte, la jeune cinéaste récidive avec Lost in Translation dont le soundtrack a cette fois été confié à Kevin Shields, deus ex machina des My Bloody Valentine qui prête aussi sa guitare à Primal Scream.
On ne s'étonnera donc pas de la direction légèrement noisy du projet, Shields en profitant pour signer 3 morceaux inédits auxquels on peut ajouter le « Sometimes » des My Bloody Valentine. Si les 2 instrumentaux officient plutôt comme des interludes atmosphériques, c'est surtout « City Girl » que l'on retiendra, chanson lancinante aux guitares sales qui renvoie aux premières heures des Valentine en particulier le mini EP de « You make me realize ».
Pour le reste, le parcours est presque un sans-faute, hormis pour une hideuse déviation 80's « Too Young » de Phoenix. Death in Vegas côtoie Air, Squarepusher et Sebastien Tellier, l'ensemble apportant une dimension irréelle, décalée et légèrement underground à cette ballade à la découverte d'un Tokyo aux lumières troublantes.
Le moment le plus envoûtant reste cependant ce trajet en taxi qui se retrouve transcendé par « Just Like Honey », hymne emblématique des Jesus & Mary Chain. Le voyage musical s'achève après quelques minutes de silence, lorsqu'une plage cachée révèle le morceau de karaoke où Bill Murray entonne le « More Than This » de Brian Ferry.
Kevin Shields n'a décidément rien perdu dans la traduction musicale du film de Sophia Coppola.