L' actuelle résurgence d'intérêt aux USA pour la musique cubaine est loin d'être surprenante. La musique cubaine, sous toutes ses formes et mutations, est en effet plus accessible que jamais. La Word Music et en particulier la musique cubaine sont en plein essor ces
dernières années. Cuba a aussi toujours l'allure d'un fruit défendu grace à un blocus omni-présent.
Et avec un éventail de visiteurs toujours croissant de Leo DiCaprio à Ted Turner ganbadant autour de l'île, en passant par les milliers d'américains qui arrivent à travers la Jamaïque, le Mexique et le Canada, Cuba est d'autant plus accessible. Son isolation signifie que vous n'y trouverez pas de McDonalds ou Walmarts tous les 100 mètres comme à Puerto Rico ou Cancun.
D'où la beauté d'une Havane en ruine nous rappelant un temps passé dont la musique a capturé notre attention. Des Squirrel Nut Zippers à Louis Prima, nous remontons tout doucement le temps. Quand Louie Armstrong alla à Cuba en concerts, par exemple, la musique cubaine était alors trés populaire aux USA, mais depuis la Guerre Froide deux bonnes décennies ont passé dans un froid toujours présent. Et avec l'émigration de ses chanteurs et musiciens vers les Etats-Unis, les chances de savoir ce qui s'y passait musicalement s'amenuisèrent encore plus. Le Nueva Trova Cubana fit bien son chemin à travers l' Amérique avec ses ambassadeurs Silvio Rodriguez et Pablo Milanes, mais ne rencontra jamais le succés aux U.S.A. (avec une population latine à penchant socialiste peût-être, mais certainement pas avec les anti-Castro de Miami. Aussi il est impossible de dancer sur Silvio Rodriguez-il faut écouter les paroles.)
Le film the Mambo Kings (basé sur The Mambo Kings Play Songs of Love de Oscar Hijuelos) eu son petit succés au début des années 90 avec une excellente bande originale de musique cubaine des années 1940-50, alors que David Byrne et son label Luaka Bop sortirent des compilations de musique cubaine. Les échanges culturels entre Cuba et les U.S.A. ont augmenté sous Clinton et l'intérêt y est accrû. Cette année, Buena Vista Social Club (Wim Wenders) mélange avec grâce passé et présent de l'île. Le CD a déja parcouru un bon bout de chemin sur les voies du succés et on peut étre sûr que le film deviendra la photographie cruciale d'un Cuba qui d'ici là aura changé.
Revenons au présent. Maintenant nous avons Ricky Martin, Jennifer Lopez 24 heures sur 24 sur les ondes. Bonne nouvelle, si vous aimez la répétition de la pop! Mais si vous ne l'aimez pas en anglais, il est peu probable que vous deveniez fan de cette musique en espagnol. Et Puffy dans n'importe quel langage me donne la rage. Cette pop latine a progressé au-delà de Madonna, La Isla Bonita ou La Bamba. Un mélange d'américain et d'espagnol avec des rythmes latins fait maintenant partie de notre régime national.
La musique cubaine bénéficie d'une place au soleil bien méritée.
Pour la vieille école, Buena Vista Social Club, produit par Ry Cooder, est le meilleur des choix. Un groupe de musiciens, oubliés mais toujours électrisants, fut redécouvert et rassemblé pour un enregistrement qui depuis a raflé un Grammy et explosé internationalement. Un choix sûr si vous voulez vous y mettre. Si l'Buena Vista Social Club n'a pas été enregistré dans le dernier studio analogique, la cohésion musicale n'en est pas moins meilleure. Chaque instrument, chaque voix et son sont le résultat du talent et de l'age. Leur signature "son", "Chan Chan", est la somme de tous ces talents, alors que le piano sensuel de Ruben Gonzalez sur "Pueblo Nuevo" est à couper le souffle, et qu' Omara Portuondo croon un boléro profond dans "Y Tu Que te has hecho" que vous comprendrez sans parler espagnol. Le talent d'Ibrahim Ferrers pour les improvisations vocales baroques est souligné sur Candela". Quant au baritone Compay Segundo il murmure sur "La Bayamesa".
Si Buena Vista Social Club n'est pas assez pour vous rassasier n'ayez crainte: Buena Vista Social Club presents Ibrahim Ferrer vient juste de sortir, coïncidant avec la sortie du film éponyme de Wim Wender, un document sur leur création musicale. Le projecteur est placé sur Ferrer pendant tout le disque alors que le reste du groupe le supporte avec une générosité toute musicienne. Ferrer, qui a passé des années à chanter avec Beny More a de nouveau son heure de gloire. Sa voix de velours reprend des morceaux connus comme "Como Fue" et "Aquellos Ojos Verdes" dans un rythme plus lent. Dans "Cienfuegoes Tiene su Guaguanco" il rend hommage à son village natal et sa musique.
Certainement le piano de Ruben Gonzalez fit impression sur Buena Vista Social Club, et voici maintenant…Ruben Gonzalez. Son Buena Vista Social Club fut enregistré en 2 jours sans remixage à la Havane. Et c'est seulement son deuxième Buena Vista Social Club en 50 ans. Ce qui manqua en quantité fut remplacé en qualité. L'énergique "Cumbachero" et le spontané "3 Lindas Cubanas" donnent l'ambiance de son "son" cubain. "Melodia del Rio" est juste belle comme son titre.
Ces 3 CDs débordent d'un apétit de vie à rendre jaloux Iggy Pop. Ils vous feront maudir de ne pas avoir grandi dans un quartier cubain.