Buena Vista Social ClubBuena Vista Social Club Critique du film






Buena Vista Social Club













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Buena Vista Social Club
Réalisé par Wim Winders

Quand arrivera la fin de ce documentaire musical soigné et mélodieux, vous serez sous l'emprise du charme tranquille de Ruben, de la sympathique bravache d'Ibrahim, de la dignité de Compay et du côté diva d'Omara, personnages pour qui vous garderez un respect certain.

Qui sont-ils? Ils sont comme le bon vin, ces musiciens qui ont raflé le Grammy pour l'album Buena Vista Social Club, aprés avoir été oubliés depuis plus d'une dizaine d'années jusqu'à ce que Ry Cooder les redécouvre dans le cadre d'un projet à la Havane. Ils ont entre 40 et 90 ans, 75 ans pour la moyenne. Grace à un bon bouche-à-oreille et une organisation efficaces, Cooder les rassembla pour un disque qui allait devenir le Buena Vista Social Club, nommé d'aprés une salle de concert des années 50. Ce phénix musical a su renaître de ses cendres grace au succés de l'album. Ce succés a poussé Ry Cooder a faire appel à un des ses collaborateurs préféré, dans la personne du célèbre réalisateur allemand Wim Wenders, qui tomba aussi amoureux de leur musique et donna naissance au film Buena Vista Social Club, où le groupe passe son temps entre les répétitions à la Havane, et les concerts d'Amsterdam au final du Carnegie Hall de New York City.

C'est la collaboration de ces deux là qui fait que le projet fonctionne si bien. Tous deux ont une passion pour les sons et les musiciens, mais savent aussi rester effacés et laisser les musiciens faire leur "boeuf". Ry Cooder est le narrateur et fil conducteur sans pour autant se mettre musicalement en avant, alors que Wenders crée un rhytme aussi relax et ouvert que les musiciens eux-même. Le respect et la dignité avec laquelle les musiciens sont traités est ce qui différencie Buena Vista Social Club d'autres documentaires musicaux. Wenders comprend la musique et ceux qui la créent, et les laisse simplement jouer.

Entremêlant interviews et répétitions, Wenders passe d'un concert á Amsterdam à une répétition aux studios Egrem à la Havane, à des interviews de ces personages attachants. Un des dons de sa réalisation est ces longues scènes continues qui vous permettent de vous immerger dans la musique.

Une autre bonne surprise est que la politique ne vient pas ternir cette production. Cuba a toujours été l'enjeu de débats échauffés aux USA et heureusement, personne n'aborde ce sujet qui a déjà été traité des milliers de fois. Il n'y a pas de ridicule "A l'intérieur du Cuba de Castro" ton conspiratoire dans ce film. Alors que l'on fait le tour de vieux Havane en suivant Cooder et son fils Joachim dans leur sidecar, à travers des bâtiments délabrés, trésors architecturals, slogans révolutionnaires et voitures des années 40 et 50, le projecteur est sur ces musiciens aimables qui partagent avec nous leurs jeunes années et passions. Le ton est intime et se concentre sur leurs souvenirs et musique.

Une des plus belles séquences est celle où le pianiste Ruben Gonzales (père du piano cubain moderne) joue dans le grand hall de Cuba qui maintenant habrite ballerines, gymnastes et escrimeurs. Pendant qu'il joue, les jeunes ballerines s'appliquent avec une énergie maladroite à danser alors que les autres répètent leur voltige ou "En garde!". L'harmonie de l'ensemble illustre comment passé et futur sont liés à Cuba.

Le jemenfoutiste chanteur septuagénaire Ibrahim Ferrer est un des personnages principaux du film (la sortie de son album solo a amené les musiciens à se retrouver uen fois de plus à la Havane). Wenders le suit décontracté des rues de la Havane à celles de New York City, alors qu'il conte timidement ses histoires, croyances en Saint Lazare et pratiques santeria. Un des moments le plus poignant est quand Wenders capture la fierté sur son visage et le sens d'accomplissement du groupe durant la représentation au Carnegie Hall.

Le film nous rappèle qu'il y en a d'autres, et pas seulement à Cuba, dont le moment de gloire s'est éteint, mais dont le génie persiste. Je me souviens d'une amie m'appelant pour me dire qu'il fallait absolument aller au Mama Rosa, un blues bar de quartier de Chicago. Ole Pinetop Perkins, pianiste septuagénaire roots R&B des années 40 jouait ce soir-là. C'est urgent, me dit-elle, parce que le jour où il mourra, sa musique disparaîtra avec lui. Du coup nous y sommes allés, et depuis lors sa musique m'accompagne.

  Anji Milanovic

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