Ali film critique Ali film DVDAli Critique du film






Ali













        :: Les Sorties
     :: Sur les Ecrans
     :: Agenda Sorties
     :: Sorties DVD
     :: Guide Previews
     :: Archive Critiques

<-- AdButler 120x90 Code was here -->

Gratuit - Les nouvelles critiques par e-mail
 
Powered by YourMailinglistProvider


Ali
Réalisé par Michael Mann

Avec : Will Smith, Jamie Foxx, Jon Voight, Mario Van Peebles
Durée : 2:36
Pays : USA
Année : 2001
Web : Site Officiel
Du premier homme on ne retient presque que la voix, tant elle est chaude, irrésistible, rythmée par la houle d'un public conquis. Dans une rue tranquille, le deuxième court à petites foulées, imperturbable, malgré la voiture de police qui se rapproche. Le dernier, hiératique, prêche dans une mosquée. Chacun est une composante de cette trinité noire américaine qui voudrait bien, en cette année 1964, faire la synthèse entre les paillettes inoffensives de la Tamla Motown, la rudesse du combat pour les droits civiques et l'ambition d'un destin d'exception.

C'est en jouant habilement sur ces parallèles que Michael Mann ouvre son dernier film. Et si le néophyte peinera à différencier Al Green de Sam Cook ou encore David Elliot, il aura tôt fait d'identifier Cassius Clay et Malcolm X. Le second parce qu'il incarne la radicalisation et les contradictions des Black Muslims ; le premier parce qu'il reste l'un des plus grands boxeurs du vingtième siècle, une figure mythique à la personnalité complexe, au parcours chaotique et archi médiatisé dont Mann a choisi de retracer la décennie la plus polémique.

Qui est Cassius Clay en 1964 ? Un gosse du Kentucky marqué par les lynchages et les places réservées aux Noirs dans les bus ? La médaille d'or poids lourds des Jeux Olympiques de 1960 ? Le fils d'un peintre d'icônes évangélistes, un musulman récemment converti qui revendique haut et fort ce nom de « Cassius X » destiné à laver l'injure « d'un patronyme d'esclave » ? Un coureur de jupon narcissique, une marionnette de la Nation of Islam ?

En réalité, Cassius X, futur Mohammed Ali est tout cela à la fois et plus encore. Il suffit de jeter un œil sur l'entourage du boxeur pour s'en persuader : un entraîneur italo-américain sérieux comme une vierge, un juif noir camé pour ange gardien messianique, la Tamla Motown au quasi complet et l'inévitable et dangereuse famille Mohammad dont les pratiques n'ont rien à envier à certaines autres célèbres Familles. En rajoutant les innombrables femmes - légitimes ou non - qui l'ont accompagné, on commence à comprendre pourquoi, au-delà de la légende, Michael Mann a été séduit par cet électron libre insaisissable.

Insaisissable, il l'est en premier lieu sur le ring. « Fly like a butterfly, sting like a bee » claironne-t-il avant - contre tous les pronostics - de mettre une déculottée à Sonny Liston. Et de gagner son premier titre de champion du monde, celui qui lui sera retiré trois ans plus tard par la justice américaine et qu'il n'aura de cesse de reconquérir. Tout après cette victoire va s'enchaîner très vite. Mais Michael Mann est un réalisateur qui aime prendre son temps. Egalement scénariste, il comprend à quel point, dans son fond et dans sa forme, ce combat constitue le parfait modèle de la carrière d'Ali : irrégulier, démesurément médiatique, dramatisé par son protagoniste principal pour en faire l'instrument de sa gloire et la quintessence de son style.

Si les presque vingt minutes du match, filmé des coulisses jusqu'au gong final permettent à Mann de poser les éléments principaux de la dramaturgie fanfaronne, mais terriblement étudiée du boxeur, elles lui donnent également l'occasion de prouver qu'il est toujours un virtuose du plan : les mains, terrifiantes de calme, de l'entraîneur Angelo Dundee (Ron Silver) glissant dans ses poches tous les instruments pour recoudre le visage d'un homme, les caméras agiles de la télévision nouvellement triomphante, les coups de ciseaux fous du jeu de jambes d'Ali, la rapidité et la force des uppercuts. Jusqu'au coup de grâce dont la magnifique ellipse laisse une porte ouverte à la rumeur selon laquelle le match aurait été truqué. Désormais, les caméras et les micros ne lâcheront plus le champion. Pour le meilleur - sa formidable relation avec le journaliste sportif Howard Cosell (admirablement interprété par Jon Voight) - et le pire. De cet aveu fait par John Lennon, "The more you get really famous, the more things around you look unreal", le boxeur fera sa devise, multipliant les intox, excluant du monde des possibles les ennuis qui auraient pu sonner le glas de sa carrière.

Et des ennuis, celui que le monde appellera dorénavant Mohammed Ali ne va pas en manquer. En refusant d'aller combattre au Vietnam, en refusant d'aller en prison pour félonie, en refusant d'admettre qu'il est ruiné et que son titre lui a été définitivement volé. S'engage alors ce « seul vrai combat, contre le gouvernement américain. » Figure de style, dira-t-on encore. Peut être, mais elles sont tellement intimes du personnage, de l'animal politique et médiatique, qu'il est difficile d'en tirer des vérités absolues. Pour la gloire du verbe ou par conviction (ou pour les deux), après quelques tâtonnements et avant beaucoup d'errements, le boxeur sera l'un des premiers Noirs célèbres à refuser d'être catalogué.

Il lui faudra alors faire feu de tout bois, prétendre ignorer qu'il est manipulé, être avec tout le monde et personne à la fois. Jusqu'au cirque de Kinshasa en 1974 où, sous les auspices du président à vie Mobutu - chantre d'une nouvelle négritude africaine - et de Don King, roi mafieux des matches de boxe (et du brushing vertical), il regagnera enfin son titre faisant tomber George Foreman « comme un arbre dans une forêt ».

Partant de cet extraordinaire figure, il aurait été facile pour Michael Mann de tomber dans l'hagiographie, surtout en choisissant Will Smith pour incarner le boxeur. Depuis le Prince de Bel Air jusqu'à l'agent gouvernemental chasseur d'aliens de Men in Black en passant par l'avocat propret de Ennemi d'Etat, Smith s'est affirmé comme l'un des symboles noirs les plus consensuels. Né avec une cuillère d'argent dans la bouche et sous une étoile qui lui assure depuis ses débuts une baraka sans égale, il est aux antipodes du combat social voire du combat tout court, sorte d'idéal noir bénin respirant la joie de vivre et la confiance en soi. Michael Mann joue volontairement de ces contradictions : tout comme il exploite à tout va la bande originale - notamment ces chants africains dont l'obsédante répétition souligne le caractère arrangé du combat de 1974 - il utilise l'image de son acteur principal pour en faire, non pas le vrai Ali (qui le connaît vraiment ?) mais le Ali en devenir : celui qui après avoir été un véritable outsider finira lui aussi par rentrer dans le rang.

  Corinne Le Dour-Zana

     Miami Vice, deux Flics à Miami
     Collateral
     The Insider





| Info Plume Noire | Contacts | Publicité | Soumettre pour critique |
| Rejoignez-Nous! | Chiffres-clés | Boutique | Mailing List | Charte |

Copyright ©1998-2006 LA PLUME NOIRE Tous droits réservés.


Ali

Ali
  AllPosters.com

Like Us On Facebook