Bad Boys II
Réalisé par Michael Bay
Avec : Will Smith, Martin Lawrence, Gabrielle Union, Joe Pantoliano
Scénario : George Gallo, John Lee Hancock
Titre Original : Bad Boys II
Durée : 2:40
Pays : USA
Année : 2003
Site Officiel : Bad Boys II
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Au delà de la réunion de Will Smith et Martin Lawrence Bad Boys II marque surtout le retour de Michael Bay et Jerry Bruckheimer, tandem tout puissant dont la seule évocation provoque l'effroi cinéphile, à l'instar de notre « glorieux » duo national Gérard Krawczyk / Luc Besson.
Mike Lowrey (Smith) et Marcus Burnett (Lawrence) reprennent du service, affrontant cette fois-ci un trafiquant colombien, un gang de rastas, la maffia russe et le Ku Klux Klan.
Etrangement cette suite de Bad Boys, série B et blockbuster inattendu, s'impose plus dans la continuité d'un héritage télévisuel que comme sequel de l'original. Le film s'ouvre sur une opération anti-drogues au large de Miami, évoquant ouvertement Miami Vice, passe par une visite chez le coroner (on pense aux Experts, produit par Bruckheimer, et à Six Feet Under ), tandis que les scènes d'action au montage maniéré semblent vouloir reprendre un terrain conquis par Fastlane, le show esbroufe et de courte durée signé McG (Charlie's Angels).
Comme toujours la « formule » de Bay est basée sur une cinématographie bleutée, un découpage épileptique, et pléthore d'explosions. Si le réalisateur arrive à susciter quelques moments d'excitation visuelle, en particulier la fusillade dans une maison abandonnée, son style s'accorde mal aux poursuites en voitures qui s'éparpillent dans un montage tronqué à l'extrême ; les mitraillages incessants, parfois efficaces, s'imposent quant à eux au croisement de Ringo Lam et de Sam Peckinpah. Si l'on apprécie que le cinéaste ait poussé les limites de la violence et du gore, osant créer un film d'action pour adultes, au contraire d'un hypocrite XXX, les excès de gore, au premier abord amusants et bienvenus, finissent par tomber dans une certaine gratuité qui tourne à la vulgarité ; une sensation renforcée par ces gros plans de la caméra qui se promène sous les jupes des filles, dans une boite.
Si Smith est parfaitement à l'aise dans un rôle qui lui va comme un gant et qu'on aurait aimé voir plus développé, Lawrence est crédible en souffre-douleur mais certainement pas en action hero ; sans véritable complémentarité cinématographique, leurs présences s'annulent, au contraire du duo Owen Wilson / Jacquie Chan où chacun d'eux se limite à sa spécialité, l'humour pour l'un, les acrobaties pour l'autre.
Mais ce qui gène surtout, c'est une certaine idéologie nauséabonde « véhiculée » par le film, un penchant pour un impérialisme belliqueux, thème récurrent dans le cinéma de Bay : l'opération commando clandestine à Cuba s'achève ainsi par une poursuite où un Hummer, symbole militariste américain, détruit un bidonville, généralement un attribut tiers-mondiste ; un scène d'autant plus malvenue qu'elle trouve un écho inattendu dans le contexte géopolitique actuel. Outre un désir patent de domination mondiale, Bad Boys II semble confirmer, à travers un procédé cinématographique maladroit, les pulsions revanchardes de Bay. Après, le dernier acte inutile de Pearl Harbor où Ben Affleck et Josh Hartnett vengeaient à eux seuls l'honneur d'une Amérique meurtrie, Willl Smith et sa troupe débarquent à Cuba pour affronter un trafiquant de drogues et une armée cubaine corrompue, épisode qui semble tout droit sorti d'un cinéma Reganien à la Chuck Norris…
Fred Thom
Pearl Harbor
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