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Décalage horaire
Réalisé par Danièle Thompson

Avec : Jean Reno, Juliette Binoche, Sergi Lopez, Scali Delpeyrat
Durée : 1:30
Pays : France
Année : 2002
Web : Site Officiel
Rose (Juliette Binoche) fuit l'homme dont elle espère ne plus être amoureuse. Félix (Jean Réno), lui, court après une femme qu'il croit aimer. Elle va à Mexico en « classe Eco ». Il voyage dans un avion « en première » de New York à Munich. Elle est face à l'échec de sa vie. Il est en dépression et refuse de l'admettre. Elle est voyante, bavarde, extravertie. Il est discret, taciturne, et carrément fermé. Ni lui ni elle ne sont vraiment prêts pour une rencontre.

Lorsque l'idée de cette rencontre entre deux êtres que tout semble opposer, germe dans l'esprit de Danielle Thompson, c'est à destination des Etats-Unis. Elle doit porter la casquette de scénariste et l'action se dérouler entre un américain et une française… Mais les exigences des studios d'outre-atlantique s'avèrent trop nombreuses et altèrent le cours de l'histoire. Ainsi, d'une manière ou d'une autre, peut-être par claustrophobie, sûrement par peur de prises de risques artistiques, l'unité de lieu et le petit nombre de protagonistes sont écartés. Heureusement la « frenchie » Danielle Thompson reprend son projet initial en main et y adjoint la mise en scène. De plus, elle est parvenue à réaliser un « coup de maître » puisque Miramax lui a acheté, tout dernièrement, le film pour les Etats-Unis, sans aucune modification, bien entendu !

Le résultat ? La finesse de l'univers de Danielle Thompson et de son fils, co-scénariste, Christopher Thompson se retrouve dans un scénario séduisant, au service d'une comédie pétillante, telle des bulles de champagne.

Si les dialogues sont ciselés et drôles, l'innovation du second long-métrage de la réalisatrice — après La Bûche, comédie de famille glacée — réside dans les trois principaux protagonistes du film : Rose, Félix et l'aéroport de Roissy !

Ce dernier est effectivement un personnage à part entière, tantôt actif, tantôt passif. Les principales scènes ont pour décors le terminal F, l'hôtel et le bar. Les aéroports sont à la fois des lieux grouillants de vie et des « no man's land ». Ici, où salons de coiffure, bijouteries, restaurants, tabacs, boulangeries se bousculent, la solitude est palpable. Les voyageurs de passage devant la caméra de Danielle Thompson sont autant de témoins de ce « nulle part » qui mène ailleurs…

Rose est une de ces âmes qui errent. Le personnage de cette esthéticienne, un peu « bimbo », un peu « ringarde » mais toujours belle, est très écrit. La réalisatrice a même inventé un passé à Rose sous forme de nouvelle (restée en sa possession !) pour permettre à Juliette Binoche de construire au mieux son caractère. Rose est un « cœur d'artichaut » masqué sous un maquillage bleuté et excessif. Ses nombreux accessoires semblent être un révélateur de son identité et pourtant, c'est démaquillée que Rose se redécouvre, dans cette chambre d'hôtel (et le visage de la comédienne, dans le même temps, plutôt habituée aux fards minimalistes). Elle est coincée entre son copain, un homme violent, irrespectueux et jaloux — interprété par un Sergi Lopez époustouflant dans une scène très courte — sa mère qui passe le plus clair de son temps à faire du chantage au suicide, et ses copines envahissantes. Rose est en transit, à un moment de sa vie, tout comme Félix. L'une des questions du film se pose au-delà de la rencontre : que se passe-il quand on a le courage de partir ?

Félix (choix du prénom judicieux : « le bienheureux ») est décalé, vulnérable, en exil permanent. Grand sensible, maniaque, obsédé par les odeurs, souffrant de crises d'épilepsie, il a un moment de sa vie où il doit accepter son passé pour avancer. A nouveau, ce personnage possède tous les stigmates de son profond malaise. Lorsque l'on voit Félix aux fourneaux dans la cuisine de l'hôtel, souhaitant concocter pour Rose un repas inoubliable, on ne peut s'empêcher de songer à la personnalité de Lino Ventura, acteur très physique et à la sensibilité exacerbée. Danielle Thompson s'est sans doute inspirée de lui, inconsciemment, ayant bien connu ce grand ami de son père et néanmoins réalisateur : Gérard Oury.

On comprend le plaisir qu'ont pu prendre Juliette Binoche et Jean Réno à jouer ces deux êtres, dévoilant leurs faiblesses, tant ils sont opposés aux personnages dont ils sont coutumiers. La réalisatrice-scénariste a un don pour mettre en scène les comédiens dans des contre-emplois étonnants. C'était déjà le cas dans son premier opus, la Bûche, avec l'utilisation de Charlotte Gainsbourg dans un rôle où l'on ne l'attendait pas. Pour Jean Réno, il est vrai que la comédie n'est pas un nouveau registre. Il y a connu de très beaux succès (voir les Visiteurs) mais il faut bien l'avouer : la finesse a parfois raté le rendez-vous ! De plus, Félix est un personnage inscrit dans la réalité, dans la vie et la normalité (on ne peut pas en dire autant de Sir Godefroy de Montmirail !). Quant à Juliette Binoche, encore aucune proposition dans ce registre, totalement vierge pour elle, n'avait retenu son attention avant celle-ci. Et…oui, elle se révèle drôle, sans sur jouer et ne vit pas une tragédie à la fin du film (enfin !). Evidemment, ce duo inédit au cinéma, suscite la surprise, la curiosité et l'excitation des spectateurs. Parce que la magie d'une comédie sentimentale réside en l'osmose entre les deux comédiens, le charme agit…quand ils sont ensemble sur l'écran blanc.

Un des problèmes se situe dans le dernier tiers du film où le soufflet retombe, du fait qu'ils soient séparés. « Tirée par les cheveux », cette dernière partie semble longue. On aurait préféré rester dans l'intimité et la chaleur de cette chambre d'hôtel, point culminant du long-métrage où le jeu de séduction et de découverte entre les protagonistes est à son comble. Il ne s'y passera rien de croustillant (dans le cas contraire leur relation aurait été celle d'une seule nuit, comme dans Mademoiselle ou le récent Vendredi soir) et pourtant une grande tension envahit cette pièce.

Le second bémol à cette plaisante partition est la musique. Sans doute par le biais de Jean Réno, le compositeur Eric Serra est accueilli dans l'équipe de ce film pour en réaliser la bande originale. Répétitive et peu inventive, elle ne parvient pas jusqu'à nos oreilles. En revanche, deux morceaux judicieusement remployés par Danielle Thompson suscitent l'émotion. La première, « piquée » dans la règle à la B.O de Macadam Cow-boy, accompagne mélancoliquement une Rose amplie de tristesse sur son tapis roulant. La seconde chanson, « I try » de Macy Gray, est libératrice à la fin du film et illustre à merveille le visage de Rose, illuminé d'un sourire, dans le taxi qui la conduit vers le bonheur.

Enfin, un petit message personnel à Danielle Thompson : merci de nous montrer un autre visage du portable, fédérateur de rencontres, véritable entremetteur et « fil rouge » entre Félix et Rose, du début à la fin !

Les comédies sentimentales « à la française » sont rares. Les Américains, depuis les années 20, se sont érigés au rang de spécialistes du genre. De New York-Miami, à Nos plus belles années en passant par Elle et lui, une longue tradition s'est instaurée. Mais là où les réalisateurs et scénaristes d'outre-atlantique insufflent, souvent, académisme, niaiserie et sentimentalisme, les « frenchies » saupoudrent de dureté et de cynisme. Alors, n'hésitez pas ! Embarquer à destination de « décalage horaire », on vous servira fraîcheur, amour et humour…

  Laurence Nicoli




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