Avec : Robert Redford, Brad Pitt, Catherine McCormack, Stephen Dillane
Durée : 2:07
Pays : USA
Année : 2001
Web : Site Officiel
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Robert Redford montre qu'il n'a rien perdu de sa flamme dans Spy Game, un film d'espionnage haletant et nerveux comme on en avait pas vu depuis longtemps.
Redford incarne Nathan Muir, un agent de la CIA qui, sur le point de prendre sa retraite, tente de libérer son protégé Tom Bishop (Brad Pitt) détenu dans une prison chinoise. Le film alterne entre les dernières 24 heures de Nathan dans les locaux de l'Agence et une suite de flashbacks établissant sa relation avec Tom, et par-là même, l'implication des services secrets américains dans le monde depuis la guerre du Viêt-nam.
L'intérêt du film réside dans son réalisme. On suit d'abord l'entraînement de Tom pour le voir ensuite tomber dans un monde où tous les coups sont permis et où la manipulation règne. On est loin de l'héroïsme spectaculaire et glorieux d'un James Bond ou d'un Patriot Games. Spy Game n'épargne pas ses protagonistes, les montrant à maintes reprises utiliser des personnes qu'ils abandonnent ensuite à une fin certaine. De l'Allemagne de la guerre froide à Beyrouth, en passant par la Chine, les manigances de ces espions nous sont présentées comme un jeu d'échiquier malsain et truqué où les frontières entre le bien et le mal [et les pays] sont des plus floues. Le long métrage porte aussi un regard novateur sur certaines manœuvres nécessaires à l'aide humanitaire à travers le personnage d'Elizabeth (Catherine McCormack).
Spy Game bénéficie d'un montage rythmé et d'une photographie esthétisante. Les flashbacks offrent une image décolorée tandis que les enchaînements de séquences sont très branchés. Si Tony Scott réutilise certains tics qu'il avait poussés à leur paroxysme dans le laborieux Ennemy of the State, il met cette fois-ci sa vision artistique au service de l'histoire sans jamais perdre le fil. Il suit Redford méticuleusement et s'applique à créer un univers dans la veine des bons vieux films d'espionnage des années 70.
Robert Redford fait des merveilles. Ironique et manipulateur, sa confrontation avec la hiérarchie de la CIA est un régal et fait oublier ses derniers rôles en demi-teinte dans des productions souvent mielleuses. Nathan est, en quelque sorte, la réincarnation de son fameux personnage Joe Turner des 3 Jours du Condor. Brad Pitt est aussi parfait dans la peau d'un jeune agent bravache mais dont l'innocence sera mise à rude épreuve. Un choix judicieux, puisque tout comme Paul Newman avait passé le flambeau à Redford dans L'Arnaque, Redford semble ici le passer à son tour à Pitt, démontrant ainsi que chaque génération a « sa belle gueule qui sait jouer ».
Seule véritable ombre au tableau, la conclusion dénote avec l'aspect réaliste du projet, mais amène certainement la jubilation chez le spectateur.
Avec un réalisateur commercial non dénué de talent et deux stars talentueuses, Spy Game est le parfait exemple du bon film Hollywoodien, lorsque les studios s'en donnent les moyens.