Sweet Sixteen
Réalisé par Ken Loach
Avec : Martin Compston, Michelle Coulter, Annmarie Fulton, William Ruane
Durée : 1:46
Pays : G.B
Année : 2002
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Après la guerre du rail dans The navigators, Ken Loach revient avec Sweet Sixteen, un film sur la guerre du rail… de coke. En toile de fond, les thèmes qu'il chérit : la part d'humanité qui se bat dans un monde semé d'embûches. Mais cette fois, il place au centre de son récit un seul personnage principal : un adolescent contraint de se lier à des malfrats pour réunir sa famille. Sans grande surprise, un Loach d'honnête facture.
Greenock, ville portuaire à deux encablures de Glasgow, moribonde depuis la fermeture des chantiers navals. Liam, jeune voyou au grand cœur, vit d'expédients avec son pote Pinball. Ensemble, ils revendent dans les pubs des cigarettes. Mais Liam espère plus. Il caresse le rêve d'offrir à sa sœur et à sa mère qui doit sortir de prison la veille de ses 16 ans, un véritable toit, loin de la misère et de la violence dans lesquelles la ville baigne. Il dérobe une cargaison d'héroïne au petit ami de sa mère et se lance avec son acolyte Pinball dans le deal de dope, avant d'être repéré par le caïd du coin. L'engrenage infernal des ennuis s'enclenche alors.
Sweet Sixteen rassemble les thèmes chers à Ken Loach. Cellule familiale éclatée, avec une mère enfermée, incapable d'éduquer ses enfants, un père absent, une fille élevant seule un enfant, et un fils livré à lui-même. Toujours tendre envers les gens de peu, le réalisateur s'est même offert un casting d'amateurs, dont la majorité jouait pour la première fois devant une caméra, à commencer par Martin Compston (Liam), recruté dans un lycée local. Il impressionne en habitant totalement son personnage : doux, d'une gentillesse fondamentale, il sait se montrer violent et ne recule pas devant la peur suscitée par les pierres d'achoppement qui se dressent sur la route menant à ses rêves. Personnage autour duquel se construit l'intrigue, la mère de Liam est également interprétée par une actrice non professionnelle, Michelle Coulter, employée dans une structure d'aide aux toxicomanes dans la vie réelle. A la différence de ses deux enfants, Chantelle et Liam, elle adopte un comportement immature et irresponsable. Le frère et la sœur, obligés de s'assumer, resserrent les liens qui les unissent dans l'adversité. Comme toujours, c'est dans ces moments de complicité, de compassion et de solidarité que Loach excelle. Il parvient à communiquer au spectateur l'énergie du désespoir qui anime ses héros, entraînés malgré eux dans une spirale qui les mène inexorablement plus bas.
Sweet Sixteen vaut pour son ancrage dans une réalité qui colle à l'actualité de l'Ecosse. D'après un rapport rédigé à l'attention de bureau de la jeunesse, la proportion de parents mineurs est la plus élevée d'Europe, et environ 100 000 enfants subissent des violences au sein même de leur foyer. En témoin lucide de son temps et de ses contemporains, Ken Loach, dont il signe sa quatrième collaboration avec le scénariste Paul Laverty, ancien avocat de Glasgow, livre une opus fidèle à ses combats, avec le savant mélange de tendresse, de désespoir et de courage face aux coups du sort. Un film qui s'inscrit dans la continuité de son œuvre.
Moland Fengkov
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11'09''01
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