critique de Volver
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A l'image, trois générations d'actrices se donnent la réplique. Un gynécée réjouissant, aux allures de célébration féministe. Carmen Maura et Pénélope Cruz signent ici des retrouvailles cinématographiques attachantes avec le réalisateur espagnol qui les avait respectivement employer dans Pepi (..) et Tout sur ma Mère. Ca tombe plutôt bien, le film est placé sous le signe du retour. " Volver " signifie " revenir ", à l'instar d'une mère défunte qui réapparaît subitement dans l'existence chaotique de ses deux filles. Pour peu, Volver serait un film de fantômes s'il ne bifurquait vers le drame intimiste. Almodovar revient hanter de son ombre la région de la Mancha. Retour aux origines pour un film en miroir qui fonctionne à différents niveaux narratifs. Tout d'abord, l'hommage : Pénélope Cruz irradie, sensuelle et incarnée, dans un film à sa gloire. Almodovar fait d'elle une nouvelle Sophia Loren, mâtinée avec un soupçon d'Anna Magnani, pour le côté fleur du peuple sophistiquée. Mère courage, l'héroïne s'invente une existence conforme à sa personnalité de battante, quels que soient les chemins immoraux qu'elle doit emprunter. Volver est, par ailleurs et surtout, un film sur la filiation. La filmographie de l'auteur abonde de relations mère/fille conflictuelles. Là encore, il s'agit de pardon et de réconciliation avec les origines. Enfin, Volver fonctionne comme un auto-portait en transparence, la densité de La Mauvaise Education en moins. Volver n'a pas l'envergure des productions passées de l'auteur. Pas très enlevé, le film frappe par une écriture assez paresseuse et une mise en scène sans surprise. Le secret, qui avait donné son titre à l'un des plus beaux films d'Almodovar, se dévoile et se donne, limpide.
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