Avec : Franco Nero, Rafael Albaicín , Loredana Nusciak, Eduardo Fajardo
Durée : 1:30
Pays : Italie
Année : 1966
|
|
Si Sergio Leone a donné ses lettres de noblesse au western spaghetti, Django en est sans aucun doute le pillier du genre, définissant les règles d'un mouvement qui ferait les beaux jours du cinéma de série B européen des années 70.
C'est lors du tournage des Derniers Jours de Pompei en Europe que le réalisateur Sergio Leone et son assistant Sergio Corbucci eurent l'idée d'utiliser ces paysages comme décor de western. Le western spaghetti était né. Corbucci fit les premiers pas mais c'est Leone qui, en 1965 avec Pour Une Poignée de Dollars, établit le genre aux yeux du public, lançant par la même la carrière de Clint Eastwood. L'année suivante, Corbucci répondit avec Django et Franco Nero dans le rôle titre.
Sergio Leone a incontestablement sublimé le genre avec un lyrisme et un sens de la dimension qui firent de ses films des classiques du cinéma. Mais à cette exception près, le genre appartient à la série B, dont Django est la figure de proue. Avec ce film, Sergio Corbucci définit le western spaghetti comme antithèse du western américain.
Aux plaines arides et ensoleillées et à la version aseptisée de l'Ouest s'opposent la boue et le froid d'une vision cauchemardesque et désespérée. La séquence d'ouverture du film en est le parfait exemple. Au lieu de l'habituel cowboy pimpant arrivant en sifflotant sur son cheval blanc, Django montre un homme à pied traînant un cercueil dans la boue. Un cercueil qui renfermait sûrement, outre une mitrailleuse, le western américain d'alors, puisque le film sonnant le glas d'une vision trop propre et glorieuse de l'Ouest, allait changer la tonalité du Western à tout jamais.
Là où les réalisations américaines prônent l'honneur et la justice à travers leurs héros, les cinéastes italiens offrent un anti-héros seulement motivé par la vengeance ou l'argent et dont les méthodes le rapproche de ses ennemis. Autre influence italienne notoire, l'excès prévaut, que ce soit dans l'utilisation de la violence, l'absence de réalisme ou le jeu des acteurs. Django, fut ainsi banni de certains pays à sa sortie à cause de sa violence outrancière, ce qui ne l'empêcha pas, bien au contraire, d'engendrer plus d'une trentaine de pseudo "suites" de bas-étage où réalisateurs et acteurs de tous pays se succédèrent dans la plus grande indifférence. Seule suite officielle avec Franco Nero, Le Retour de Django, est plus proche de Rambo, alors en vogue à l'époque, que de l'original.
Comme dans la plupart de ces films, l'histoire, assez simple, n'a d'autre but que de laisser place à une suite de scènes mémorables et spectaculaires. Dans Django, un homme tirant un cercueil renfermant une mitrailleuse vient faire le ménage dans une ville glauque sous l'emprise de gangs et du KKK. Django mitraille son chemin jusqu'au duel final dans un cimetière, à travers une suite de séquences emblématiques, des scènes d'exécutions et de tortures aux "fusillades éclairs" en passant par le bordel et bien évidemment le final dans le cimetière. Franco Nero incarne un héros imperturbable au regard bleu perçant dont la principale différence avec le héros sans nom de Clint Eastwood est l'absence d'ironie et de sarcasme.
L'influence du film peût être ressentie au-delà des limites du genre jusqu'au cinéma contemporain de Hong-Kong à celui de Tarantino qui, dans un clin d'oeil, emprunta la célèbre scène de l'oreille de Reservoir Dogs à Django.
Au delà de son statut de série B jouissive, Django est un des westerns les plus influents qui mérite sa place aux côtés de la trilogie de Leone.
Django Critique du film
