Avec : John Travolta, Connie Nielsen, Samuel L. Jackson, Brian Van Holt
Durée: 1:38
Pays: USA
Année: 2003
Web: Site Officiel
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Déclinant les combinaisons scénaristiques jusqu'à une déconstruction inévitable, Basic, exercice aguicheur au titre antinomique, suit l'enquête de Tom Hardy (John Travolta), un agent de la DEA chargé d'élucider la disparition mystérieuse d'un groupe de rangers.
Avec pour seuls témoins deux rescapés aux témoignages contradictoires, Hardy et le film avancent ostensiblement, enchaînant interrogatoires et flash-backs tandis que les nœuds du récit se défont plus vite qu'il ne faut à Samuel L. Jackson pour dire « Royal with Cheese ». Basé sur un procédé établi par Akira Kurosowa dans Rashomon et décidément très à la mode, la série Boomtown utilisant la même structure Basic multiplie les fausses pistes et retournements de situation, en proie à un scénariste (James Vanderbilt Nuits de terreur) bien décidé à nous prouver jusqu'à l'overdose ses talents de manipulateur. Fonçant tête baissée dans une machination aux rouages infinis, le rythme effréné auquel le film nous soumet officie comme un écran de fumée, s'assurant que le spectateur ne puisse remettre en doute la logique de subterfuge de ce scénario préfabriqué.
Reléguant au rang de pions les personnages et les acteurs un John Travolta gonflé, une Connie Nielsen glaciale, un Samuel L. Jackson frisant la caméo et un Giovanni regardez-quel-grand acteur-je-suis Ribisi la réalisation inspirée de John McTiernan est la vraie star de Basic. Après les décevants 13e Guerrier et Rollerball, victimes d'un redécoupage intempestif, le réalisateur habille ce scénario calculé d'un visuel stylisé, contrebalançant ainsi l'absence de substance et d'émotion.
Si sa caméra oppressante tourne autour du suspect et le harcèle sans répits lors des interrogatoires, c'est surtout sa vision de la jungle, métaphore du monde qu'elle dépeint, qui est saisissante. Après le terrain de jeu politisée de Predator, le cinéaste a choisi d'illustrer la corruption de l'armée et de l'homme, en assimilant cette fois la jungle à l'enfer : le film est tourné le plus souvent en obscurité alors que la tempête fait rage ; les lueurs rougeâtres sont omniprésentes, jusqu'à ce visage de soldat éclairé d'une façon diabolique ; les apparitions du personnage de Samuel L Jackson sont fantomatiques tandis que la mort est aussi au centre du carnaval qui a lieu dans la ville.
Sans jamais célébrer les retrouvailles à l'écran de Travolta et Jackson, ni même oser le clin d'oeil, Basic laisse cinéaste et acteurs embourbés, perdus au fond de la jungle, tandis que le scénariste a filé vendre ses scripts à Hollywood.