Drew Barrymore démontre avec Charlie et ses drôles de dames qu'elle sait jouer de notre corde sensible et peu culturelle quand il s'agit de d'engranger des millions. Prenez trois mignonnes (de préférence avec des cheveux de couleurs différentes), plongez-les dans une série populaire des années 70, ajoutez des scènes d'arts martiaux sur fond de musique techno, sans oublier une bonne dose d'ironie sur notre culture et Bang! vous décrochez le jackpot.
Reste-t'il du temps pour un scénario avec tout ça? Oui, mais il est bien mince. Il se résume à découvrir qui a kidnappé l'inventeur d'un logiciel révolutionnaire, le sauver et démasquer le traître. Tout est en fait prétexte à de l'action. En résulte un démonstration de ce que sera le cinéma d'action dans les années 2000: prenez l'exemple de la séquence où les trois pin-ups corrigent leur ennemi à grands renforts d'effets spéciaux dans la lignée de The Matrix tandis que la musique de The Prodigy martèle "Smack My Bitch Up". Un passage évidemment drôle lorsque l'on sait que c'est en fait Crispin Glover qui est martyrisé, au contraire de ce que prône le morceau. Tous les classiques de l'action sont aussi au rendez-vous, de la course de voitures au passage en hélicoptère en passant par l'emploi de hors-bords et le final dans un chateau. Si elles savent se servir de leurs muscles, elles n'ont pas oublié leur féminité. Elles bougent avec charme, se déguisent en bavaroises, pratiquent le massage et la danse du ventre, et vont même jusqu'à faire monter la température de leur victime en léchant le volant de sa voiture. On pense à James Bond mais aussi à Beavis & Butthead. Puisque le tout est sans pretensions, il est donc facile de rire de leurs pitreries.
Quand au jeu des acteurs? N'en demandez pas trop. Vous attendiez-vous vraiment à voir Heather Graham décrocher un Oscar pour sa performance dans Austin Powers? Les filles sont ici bien plus amusantes. Cameron Diaz sort du lot, remuant son popotin avec une étincelle de génie. Lucy Liu continue de cultiver son côté de dominatrice attachant, tandis que Barrymore est plus tarte que jamais. Bill Murray a le rôle ingrat de garder cette bande d'anges ensemble. Sam Rockwell ne convainc pas. Il n'est jamais menaçant et ressemble plutôt à un étudiant qui passe ses journées à la cafét. LL Cool J s'acquitte bien mieux de son rôle lors de son apparition furtive.
La tradition du genre veut qu'il y ait toujours une femme qui attende le retour du héros. Puisqu'aucun des anges n'est bi ou homosexuel (bien qu'un léger doute plane), les rôles sont renversés.
Les garçons attendent ainsi patiemment le retour de leurs dames. Le petit ami de Liu est le naïf Matt LeBlanc, alors que Cameron Diaz entretient une relation téléphonique avec Luc Wilson tandis qu'elle combat son ennemie. La pauvre Drew semble destinée à toujours mal tomber mais a son bizarre Chad (Tom Green) qui lui reste fidèle. La voix de Charlie est John Forsythe et il intéressant de savoir que 20 ans plus tard, il arrive toujours à faire travailler des femmes pour lui, sans jamais les voir.
Peut-être que dans 15 ans Barrymore sera aussi efficace en apportant V.I.P. au grand écran.
Drôles De Dames Critique du film
