Avec sa scène d'ouverture au ralenti sur fond de coucher de soleil et sa bande son, Million Dollar Hotel ressemble à un vidéo clip pour le groupe U2. Ce n'est pas le fruit du hasard puisque ce film de Wim Wenders (Les Aîles du Désir, Buena Vista Social Club) est basé sur un scénario de son ami Bono, chanteur de U2.
Le résultat est d'autant plus décevant que le projet semblait alléchant. Le film tourne autour du Million Dollar Hotel, l'hôtel de Los Angeles sur le toit duquel U2 avait tourné une de ses vidéos. L'endroit semble être un refuge pour tous les foldingues du coin, dont en particulier le simplet Tom Tom (Jeremy Davies) et la paumée Eloise (Milla Jovovich). La mort d'un résident (Tim Roth) fils d'un homme d'affaire fortuné conduit à l'ouverture d'une enquête menée par l'agent du FBI handicapé Skinner (Mel Gibson). Le detective met alors l'hôtel sens dessus dessous tout en nous faisant découvrir ce "cirque". "Cirque", parce que sous prétexte de monter une histoire décalée dans la veine des films de Wenders, le scénariste Bono offre une galerie de personnages grotesques et caricaturaux poussés à l'extrême dans le but de choquer ou faire rire. Dans les deux cas, il échoue et hormis pour de rares moments, on a droit à un film long et indigeste, où seul l'ennuie prévaut.
Le jeu des acteurs est loin de réhausser le niveau de l'ensemble. A l'exception de Milla Jovovich, les acteurs semblent s'être donnés comme mot d'ordre de jouer à l'unisson dans l'excès. Leur jeu outrancier ou l'absence de jeu rend le film d'autant plus insupportable. On notera en particulier l' exécrable Mel Gibson et le ridicule Jimmy Smits, tandis que Jeremy Davies est des plus fatigants.
Que reste-t'il du film? Une bonne bande originale composé principalement de morceaux inédits de U2, ce qui nous amène à la conclusion que
1) Bono devrait rester dans son registre de chanteur engagé
2) Wim Wenders devrait faire attention dans le choix des projets qu'il accepte de ses amis musiciens. Si sa caméra se prêtait parfaitement au projet musical de Ry Cooder (Buena Vista Social Club), elle s'enlise sur le scénario de Bono. Certes le style visuel de Wenders est toujours présent et il nous offre quelques plans sublimes de Los Angeles, mais au niveau émotion, profondeur et narration, le film tombe à plat.
Evitez de faire vos réservations au Million Dollar Hotel.
Million Dollar Hotel Critique du film
