Avec : Johnny Depp, Geoffrey Rush, Orlando Bloom, Jonathan Pryce Scénario : Ted Elliott & Terry Rossio Titre Original : Pirates of the Caribbean Durée : 2:10 Pays : USA Année : 2003 Site Officiel : Pirates des Caraïbes

Un film est-il nécessairement mauvais lorsqu'il débarque tout droit de l'armada Disney, est basé sur une attraction et part à l'abordage des salles estivales avec des pirates à son bord ? Pour la majeure partie oui, hormis pour la présence de Johnny Depp, véritable perle de ce trésor en toc.

En tant que producteur, Jerry Bruckheimer a parfaitement su tirer avantage de la présence de Depp (hé un film de Disney avec Depp, Orlando Bloom et Geoffrey Rush, c'est cool, non ?). L'acteur incarne le capitaine Jack Sparrow, un pirate totalement déjanté à la recherche d'un navire et d'un équipage. Après avoir mis pied à terre dans un port sous la houlette d'un gouverneur (Jonathan Pryce) dont la fille (Keira Knightly) rêve de rencontrer de vrais pirates, il se retrouve mêlé à une série d'aventures qui incluent multiples kidnappings et explosions, une île déserte, un bateau pirate, un amour secret et des batailles qui mènent à une conclusion inévitable.

Si certaines scènes d'action sont parfaitement orchestrées, d'autres tombent à l'eau. Les divers duels et combats n'en finissent plus et le film y aurait gagné à être coupé d'une trentaine de minutes. Après un initial jeu du chat et de la souris entre Sparrow et nombre de protagonistes, Pirates des Caraïbes jette l'ancre, laissant place à un blockbuster estival standardisé. Si quelques scènes se détachent, en particulier le duel entre Depp et Bloom ou la marche des squelettes sous la coque du navire, le problème est que l'ensemble n'est pas très convaincant, ces pirates mort-vivants, victimes d'un sors, ne réussissant jamais à créer le moindre frisson, tout au moins chez l'adulte. Et, en parlant des adultes, le film s'adresse à eux à plusieurs reprises, plus particulièrement dans cette scène amusante où Sparrow et la fille, abandonnés sur une île, se saoulent au rhum, ce dernier tentant de la séduire. De l'alcool dans un film de Disney ! Voilà qui est bien plus choquant que de voir in pirate s'extirper un fourchette de l'œil. Les dialogues font parfois mouche, surtout lorsqu'ils sont délivrés avec le talent rhétorique de Depp et Rush.

Depp est glorieux ici, créant un pirate au croisement de Keith Richards, du capitaine Morgan et d'Eddie Izzard (avec du eye-liner). Du moment où il débarque avec un air fanfaron sur le ponton à la fuite finale, son interprétation est un régal ; un rôle qui lui va tout aussi bien que ses dernières prestations en gitan dans Chocolat et The Man Who Cried. Les tourtereaux Orlando Bloom et Keira Knightly s'en sortent assez bien, sans être espoustouflants, leur amour laissant place aux explosions. Geoffrey Rush a l'air de s'amuser, tout en encaissant un gros chèque, alors que Jonathan Pryce est assez amorphe, dans la lignée de son interprétation du dictateur Perón dans Evita.

Un divertissement de cape et d'épée sans aucun doute. Et tout comme Chicago a relancé la mode de la comédie musicale, ce long métrage pourrait faire de même pour le sous-genre du film de pirates. Sans scène ou répartie vraiment mémorable et dénué de toute émotion, on en ressort victime de la malédiction de Disney, qui à l'instar d'autres studios, est l'adage de la saison cinématographique estivale.

  Anji Milanovic

     Pirates des Caraïbes, le secret du coffre maudit      The Ring

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