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A Bullet for the General















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El Chuncho, Quién Sabe ?
Réalisé par Damiano Damiani

Avec : Gian-Maria Volonte, Klaus Kinksi, Martine Beswick, Lou Castel
Durée : 2:15
Pays : Italie
Année : 1966
Réalisé par Damiano Damiani en 1966, Quién Sabe ? (A Bullet for the General) est l'un des premiers westerns politiques et sans aucun doute la meilleure réalisation du genre.

Gian Maria Volonte incarne El Chuncho, un voleur de train haut-en-couleurs qui approvisionne la révolution mexicaine en armes et munitions et dont l'amitié improbable avec un jeune dandy américain (Lou Castel) aura des conséquences inattendues.

Contrairement à d'autres productions italiennes, Quién Sabe ? est un film de grande envergure. Outre les décors grandioses qui rappellent à juste titre la trilogie de Leone (elle a été tournée dans la même région d'Espagne), l'utilisation du Technicolor offre au spectateur un festival de couleurs, en particulier dans les bourgades mexicaines ou les murs blanchâtres contrastent avec les portes et volets colorés. La réalisation de Damiani (Un génie, deux associés, une cloche et Amityville II) met l'accent sur la psychologie des personnages pour établir les rouages de la manipulation, mais épice le tout de scènes d'action spectaculaires qui permettent au film de ne pas perdre le rythme durant ses deux heures.

Mais c'est surtout la dimension politique qui prévaut dans Quién Sabe ?. Si les penchants du cinéaste semblent ne faire aucun doute, c'est surtout au scénariste que l'on doit les fins idéologiques du film. Franco Solinas, un partisan communiste convaincu, a ainsi battit sa réputation sur une série de scénarios politiquement chargés qui incluent Etat de Siège de Costa-Gavras, La Bataille d'Alger et Monsieur Klein. L'homme est aussi l'auteur de deux autres westerns engagés : A Professional Gun, deuxième volet —précurseur de Compañeros— de la trilogie de Corbucci avec Franco Nero, ainsi que Tepepa... Viva la Revolución avec Tomas Milian et Orson Welles.

Dans Quién Sabe ?, Solinas s'en prend directement au western américain et, à travers ce dernier, à la politique des Etats-Unis. Ainsi El Chuncho, le pauvre mexicain idéaliste, est à l'opposé du manipulateur Bill Tate. El Chuncho est doté d'un tambour, un symbole de protestation souvent utilisé dans le cinéma communiste. Il est difficile de ne pas voir dans l'opposition entre les deux personnages une allégorie à double-tranchant. Au niveau cinématographique, le pauvre, sale et tordu El Chuncho symbolise le western spaghetti tandis que le riche américain d'apparence angélique —le tout de blanc vêtu Tate surnommé El Ninio pour son jeune âge— est le reflet du western américain propret et commercial. Au niveau idéologique, El Chuncho représente les pays pauvres en proie aux manipulations sous couverts des américains. Si l'on remet le film dans le contexte de l'époque, il est clair qu'il dénonce les agissements des Etats-Unis en Amérique du Sud. Un thème de prédilection du scénariste qui se confirme lorsque l'on sait qu'Etat de Siège a pour sujet l'enlèvement d'un agent de la CIA en Uruguay dans les années 70.

Le film fait aussi référence à l'homosexualité. Un étrange lien semble lier El Chuncho à El Ninio, deux hommes que tout oppose. Bien que suscitant l'intérêt de la belle révolutionnaire Adelita (Martine Beswick), El Ninio ne l'approche que lorsqu'il a besoin de la manipuler. Cette attraction entre les deux hommes révèle d'un côté la fascination d'un monde en voie de développement pour la réussite capitaliste et d'un autre côté une volonté d'aider —alliée à de la pitié— de la part des Etats-Unis. Autre personnage important, El Santo (le frère d'El Chuncho) interprété avec une étonnante retenue par Klaus Kinsi, personnalise les prêtres ouvriers.

Les interprétations, moins outrancières que les autres films du genre, apportent d'autant plus de sérieux à l'ensemble.

Si l'on compare Quién Sabe ? à d'autres westerns politiques comme Compañeros et Il Etait une fois la Révolution, on constate que le film de Damiani est plus cynique et marque son engagement sans concessions.

Comme une dernière allégorie, Quién Sabe ? devient dans les mains de Damiani et Solinas une arme (idéologique) tout autant explosive que la dynamite d'El Chuncho.

  Fred Thom

     Westerns Spaghetti
     Compañeros





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