La présence de Marseille à l'image, de 1930 à nos jours, sera marquée par des hauts et des bas et la grande variété de ses incarnations physiques et thématiques. Joviale, provinciale, sociale, dangereuse, roublarde ou effacée, elle culminera surtout dans la comédie dramatique, fortement ancrée dans le social, ainsi que dans le cinéma d'action, devenant ainsi une sorte de Chicago à la française.
LA COMEDIE
Outre la contribution importante que l'on doit à Marcel Pagnol, de la Trilogie au Schpountz (voir chapitre consacré au cinéaste pour plus de détails), la ville connue pour la jovialité de ses habitants hauts en couleurs a, depuis toujours, été un lieu propice pour des comédies, le plus souvent dramatiques. En 1933, Marcel l'Herbier tourne L'épervier avec la princesse Nathalie Paley et Pierre Richard Willm. En 1943 Jean Boyer réalise La Bonne Etoile avec Fernandel et Jeanine Darcey. Dans La table aux crevés, une adaptation de La tête des autres de Marcel Aymé signée Henri Verneuil avec Fernandel et Maria Mauban, le petit port de Callelongue devient, pour les besoins du film, Cessigny, un clochemerle de contrebandiers.
Un des moments les plus mémorables, de mémoire de marseillais, sera cependant la présence de Laurel et Hardy à Marseille en 1950. Le duo américain, logé sur la Canebière à l'hôtel Bristol (en face de la rue Albert 1er), crée ainsi l'évènement, arrivant tout droit d'Hollywood pour le tournage d'Atoll K de Léo Joannon. Si l'atoll est reconstitué sur un cap (photo à gauche), dominé par le massif de l'Estérel, entre les villes d'Agay et La Napoule, le film offrira cependant de nombreuses vue de la ville, du Vieux-Port à la Joliette en passant par les calanques.
Quelques films resteront, plus ou moins, à la postérité pour leur titre révélateur : Le Capitaine Rascasse (1926) de Henri Desfontaines, Le Club des Fadas (1938) d'Emile Couzinet, Le trésor des Pieds Nickelés (1949) de Marcel Aboulker, L'abominable Homme des Douanes (1962) de Marc Allégret, Les Fortiches (1960), Les Joyeux Lurons (1972) de Michel Gérard, Les Vécés étaient fermés de l'intérieur (1976) de Patrice Lecomte, En cas de guerre mondiale je file à l'étranger (1982) de Jacques Ardouin, Marche à l'ombre (1984) de et avec Michel Blanc. Dans le registre typiquement provençal, on remarquera aussi Au pays des Cigales (1945) de Maurice Cam, Au pays du Soleil (1933 par Robert Péguy ; 1951 par Maurice de Canonge), Un de la Canebière (1935 ; version filmée d'une opérette d'Henri Alibert et Vincent Scotto signée Rene Pujol) et Au Soleil de Marseille (1937).