Qu'on y reste ou qu'on la quitte, l'héritage de la cité phocéenne reste indélébile, tout comme les souvenirs d'une enfance heureuse passée dans le sud. On ne s'étonnera donc pas que nombre de cinéastes et d'auteurs y aient consacré des mémoires, souvent mises en image, d'une manière ou d'une autre. Yves Robert portera ainsi à l'écran les Souvenirs d'enfance de Pagnol (La Gloire de mon Père, Le Château de ma Mère et Le Temps des Secrets), les condensant en deux long-métrages, La Gloire de mon Père et Le Château de ma Mère (1991 ; avec Philippe Caubère). La même année, Henri Verneuil (voir le dossier qui lui est consacré) se penche aussi sur sa jeunesse marseillaise, adaptant son autobiographie avec d'abord Mayrig, grand Prix de l'Académie du Cinéma, puis, un an plus tard, 588 rue Paradis. Son propre rôle, adulte, y est tenu par Richard Berri et celui de sa mère par Claudia Cardinale. Le tournage reviendra sur les lieux même de son enfance. Dans L'heure exquise (1980), Allio offrira lui aussi, par le biais du reportage/documentaire, une visite guidée des lieux de son enfance.
DE LA CARICATURE AU GROTESQUE
Si Guédigian peut être crédité pour avoir popularisé l'image de Marseille à l'écran dans les années 90, on peut certainement en dire de même pour la série des Taxi, produite par Luc Besson et dirigée par Gérard Pirès puis Gérard Krawczyk, qui a refait de la ville un pole pour le cinéma d'action. Transformant les rues de la ville en champs de course pour chauffeurs de taxi jobards, policiers maladroits et gangsters crétins, la série nous promène du boulevard Michelet à la Corniche en passant par le port et les autoroutes des alentours. Si la recette est simple, dans la grande tradition de la production bessoniène, alternant poursuites et humour « potachon » sur fond d'intrigues inexistantes, la mise au premier plan de la ville dans ces blockbusters ne se fera pas sans heurts. Allant bien au-delà de la caricature affectueuse pagnolesque, Taxi vulgarise l'image méridionale à l'extrême, accumulant les stéréotypes, pour faire de Marseille une ville cartoonesque habitée de personnages grotesques : les marseillais y sont dépeints comme des êtres plutôt niais, magouilleurs et peu enclins à respecter les lois. L'image « véhiculée » dans l'hexagone est donc peu flatteuse mais semble pourtant avoir inspiré un bon nombre d'autre cinéastes adeptes de gauloiserie méridionale, du Transporteur (2002), une réalisation de Corey Yuen écrite et produite par Besson avec Jason Statham jouant du poing au dépôt de bus, à Gomez à Tavarès (2003 ; Gilles Paquet-Brenner), « comédie » policière en passant par l'Outremangeur (2003), comédie de Thierry Binisti tirée d'une BD avec Eric Cantonna en ogre !
La Canebière dans le temps et l'espace, Adrien Blès,
Editions Jeanne Laffite, 1994.
Marseille au temps du transbordeur, Jean Tourette,
Edition La Savoisienne, 1969.
On sort! - Lieux de spectacles, Marseille de l'Alcazar au Zoo,
P. Echinard & E. Temime, Musée d'Histoire de Marseille, Juin 2000.
Le petit marseillais, Editions des 24 et 25 novembre 1923.
Regards Contemporains, Revue Marseille n°173 , 1995.