Avec : George Clooney, Brad Pitt, Julia Roberts, Andy Garcia.
Durée : 2:00
Pays : USA
Année : 2001
Web : Site Officiel
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Dans sa grande heure de gloire, Hollywood était l'ambassadeur incontesté du glamour et du charme. Puis les budgets explosèrent, les explosions envahirent l'écran, et la capitale du cinéma mondial se transforma en laboratoire du box office où les spectacles de qualité laissèrent place à de vulgaires produits aseptisés et pré-mâchés. Avec Ocean's 11, Steven Soderbergh ressuscite le Hollywood d'antan en mettant une distribution étoilée au service d'un divertissement élégant.
George Clooney incarne Danny Ocean, un cambrioleur professionnel qui, dés sa sortie de prison décide de s'attaquer à trois casinos de Las Vegas. Pour ce faire, il s'adjoint les services d'une équipe de haut vol parmi laquelle se trouvent un joueur de cartes, Rusty Ryan (Brad Pitt), un spécialiste en explosifs, Basher Tarr (Don Cheadle) et un pickpocket, Linus Cladwell (Matt Damon). La présence de Tess (Julia Roberts), ex-femme d'Ocean et actuelle compagne du propriétaire des casinos Terry Benedict (Andy Garcia), viendra évidemment corser le tout.
Soderbergh est l'essence même du film. En gardant intacte sa sensibilité de cinéaste indépendant et en vouant une affection certaine au cinéma de divertissement dans la grande tradition d'Hollywood, il évite les pièges [et clichés] du cinéma populaire traditionnel pour offrir 2 heures de pure distraction. Sans la présence du réalisateur derrière la caméra, les stars ne se seraient pas bousculées en sacrifiant une partie de leur salaire, et le film aurait probablement fini au rayon série B avec Burt Reynolds dans le rôle titre. Souvenez-vous d'Erin Brockovich. Sans Soderbergh, le film se serait appelé A Civil Action.
Ocean's 11 n'en est pas pour autant du pur Soderbergh. Le film n'a ni l'inventivité, ni l'humour décalé de The Limey (l'Anglais) et Out of Sight (Hors d'Atteinte). Moins impersonnel qu'Erin Brockovich, on est toutefois loin de l'engagement et de la complexité de Traffic. Le réalisateur s'applique plutôt à rendre un hommage académique à un genre disparu, un cinéma léger et sans prétention. Il ne réalise sûrement pas un chef-d'œuvre, mais maintient un certain niveau en ne sombrant jamais dans d'habituelles formules spectaculaires ou des retournements de situations téléphonés. Son plus grand don est peut-être de rendre n'importe quel projet commercial supportable (voir Erin Brockovich). C'est ce qui fait la différence avec le récent The Score sur le même thème. La linéarité du long métrage montre qu'il fait ouvertement un film simpliste et n'a d'autre but que de s'amuser.
Si le spectacle est assez simple, il n'en est pas moins « cool ». Sa caméra filme les personnages au second degré tandis que l'excellente bande originale rétro de David Holmes apporte du rythme au film. L'autre facteur est évidemment la présence de George Clooney et Brad Pitt.
Les deux acteurs se complètent et on peut voir clairement qu'ils prennent plaisir à se renvoyer la balle. Si Clooney a plus de charisme, question charme et confiance en soi, Pitt n'est pas en restes. On ne peut en dire autant de Julia Roberts, assez crispée dans ses rares moments à l'écran et du caricatural Andy Garcia qui semble reprendre là où le Parrain III l'avait laissé. Pire, le duo Casey Affleck - Scott Caan est tellement pénible qu'il rappelle ces couples de petits animaux qui accompagnent toujours le héros dans les dessins animés de Disney. On aurait sans aucun doute préféré passer plus de temps avec Elliot Gould et Don Cheadle. Enfin, Matt Damon n'a pas non plus grand chose à se mettre sous la dent.
Tout comme le plan de Danny Ocean, lisse mais sans accrocs, Ocean's 11 réussit son coup sans trop de dégâts.