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Che - critique du film
:. Réalisateur: Steven Soderbergh
:. Acteurs: Benicio Del Toro, Benjamin Bratt
:. Scénario: Steven Soderbergh Peter Buchman
:. Titre Original : Che
:. Durée: 4:18
:. Année: 2008
:. Country: USA
:. Pays: Che
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Anti-spectaculaire, anti-charismatique et anti-hollywoodien au possible, l'icône de la Révolution vue par Soderbergh laisse perplexe, voire déçoit. Si Che se décompose en deux parties relativement distinctes, ce qui laisse au spectateur un répit pour reprendre son souffle, puiser un peu d'énergie pour poursuivre le visionnage ou rendre les armes et fuir, vu dans sa continuité et dans son intégralité, comme il a été présenté au 61e Festival de Cannes (4h30 de projection), le film finit par fatalement abandonner son public dans les méandres de sa jungle.
Projet de longue haleine, qui a nécessité des années de recherches et de recueils de témoignages aux quatre coins de la planète, Che affiche clairement ses partis pris. Un biopic ambitieux et long comme l'Amazonie qui s'ouvre sur une première partie mettant en scène Ernesto Guevara et son compère Fidel Castro à l'assaut de Cuba pour renverser le dictateur Fulgencio Batista.
Mêlant le noir et blanc et la couleur et s'autorisant des allers-retours chronologiques, ainsi que l'emploi de filtres chromos comme ceux qu'il utilisait déjà de façon plus outrancière et signifiante dans Traffic, Soderbergh joue la carte du réalisme à tous les niveaux. Ce premier volet intègre des scènes du voyage du Che à New York et de son discours aux Nations Unies, tournées en noir et blanc, l'arrivée des rebelles à Cuba par la mer en 1956, et une large partie consacrée aux trois années de batailles dans la jungle, jusqu'à la victoire à Santa Clara en 1959. Proches du style de Terrence Malick dans La ligne rouge, les scènes de combats, qu'ils se déroulent dans la jungle ou dans les rues de Santa Clara, s'interdisent toute démonstration pyrotechnique ou toute autre débauche d'effets spéciaux. Ici, le film épouse le point de vue des rebelles, l'ennemi restant quasiment invisible.
Seulement voilà. Là où Malick parvient à rendre le spectateur empathique face à la peur et le courage des combattants, Soderbergh ne parvient qu'à ennuyer. La faute à son personnage principal, campé par un Benicio Del Toro sans charisme. Certes, la caméra le suit dans ses déplacements, le laisse prononcer quelques aphorismes, mais à l'écran, nulle figure emblématique, juste un homme commandant une poignée de guérilleros qui ne cherche même pas à convaincre. Le film s'étale en de longues traversées de la jungle, à l'affût des adversaires, pour retrouver un peu de tonus lors de la phase finale de la conquête de la ville.
La seconde partie se compose presque exclusivement de la disparition du Che et de sa réapparition en Bolivie où il tente de répandre la révolution sur tout le continent sud-américain. Plus ennuyeuse que jamais, elle entraîne le spectateur dans le quotidien des recrues du Che, dont les journées se composent de quelques entraînements et d'achat de porcs chez les villageois du coin, peu convaincus par leur cause. On pourrait se laisser séduire par le ton rêche employé par le film pour mieux signifier l'échec annoncé de l'entreprise, mais subir durant deux heures la lente chute du héros asthmatique ne parvient qu'à faire espérer sa capture et son exécution sommaire, vécues alors comme un soulagement.
Si Soderbergh voulait rallier son public à la cause de celui qui incarne depuis des décennies l'idée de révolte, force est d'admettre qu'il a failli. Au final, on sort éreinté de cette trop longue aventure humaine. Trop étale pour séduire, trop faussement sobre pour convaincre, trop laconique pour fédérer.
Moland Fengkov
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