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Chelsea on the rocks - critique du film
:. Réalisateur: Abel Ferrara
:. Acteurs: Milos Forman, Ethan Hawke
:. Scénario: Abel Ferrara
:. Titre Original : Chelsea on the Rocks
:. Durée: 1:22
:. Année: 2008
:. Country: USA
:. Pays: Chelsea on the rocks
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Foutraque, décomplexé, décontracté, hétéroclite, déjanté. Ces qualificatifs s'appliquent autant au documentaire d'Abel Ferrara qu'à son sujet même. Le Chelsea Hotel, qui n'a d'hôtel que le nom, situé en plein de cœur de New York, jouit encore aujourd'hui de sa réputation : un lieu qui puise son aura de tous les locataires qui ont contribué à construire sa légende. William Burroughs, Vladimir Nabokov, Janis Joplin, Bob Dylan, Stanley Kubrick, Patti Smith, Andy Warhol, Tom Waits, Charles Bukowski… la liste des artistes de tous bords qui y ont élu domicile s'allonge à l'infini.
Aujourd'hui géré par une société spécialisée dans l'hôtellerie de luxe, cet établissement qui représente l'esprit libre de Big Apple méritait qu'on lui consacrât un documentaire. Derrière la caméra, rien de plus naturel que de retrouver une figure aussi extravagante et touchante qu'Abel Ferrara. Entouré d'une équipe réduite au strict minimum, il part à la rencontre des actuels occupants (des peintres, des écrivains, des réalisateurs, des costumiers), des anciens locataires et balade sa caméra dans ses couloirs, ses cages d'escaliers, son hall.
Les interviews se veulent décontractées, davantage des discussions ouvertes qui laissent le champ libre à l'anecdote, aux récits du passé. Un preneur de son traverse le cadre ? Ferrara n'en a cure. Il se permet lui-même d'intervenir hors-champ dans les conversations, de s'esclaffer, de jurer devant le surréalisme des confidences ou d'apparaître à l'écran, furtivement. Ici, ce qui compte, c'est la force du verbe, de l'évocation.
Au détour des entretiens, de vieilles histoires élevées au rang de légendes surgissent et contribuent à dresser un portrait protéiforme du lieu, à l'image des lettres lumineuses de l'enseigne qui, au hasard, formaient les mots " Hot C " ou " Tel Che ". Le réalisateur y intercale des images d'archives et des segments de fiction, des reconstitutions de la mémoire collective du lieu, comme l'assassinat de Nancy, la petite amie de Sid Vicious.
Chelsea on the rocks nous raconte des histoires de suicides, de fantômes, de drogue, de vie, de mort, d'amour et de liberté. " Ici, les gens ne marchent pas, ils flottent ". Alors que Milos Forman passe aux aveux, la fille de Julian Schnabel passe par-là et distribue des flyers pour sa prochaine expo. La caméra continue à tourner, on est entre amis. Et Forman de poursuivre son récit : une fête dans les étages, un incendie provoqué par la cuisson d'une viande dégageant un énorme nuage de fumée et déclenchant l'intervention des pompiers. La pièce inondée par les lances d'incendie, son occupante noyée. " La fête s'est interrompue, alors que des cascades d'eau dévalaient les étages. Nous avons vu le corps transporté dans l'ascenseur, dans un silence de mort, et une fois les portes refermées, la fête a repris, tout simplement. " Des histoires comme celle-ci, Le Chelsea Hotel en regorge. Ferrara nous les livre à travers ses rencontres et signe un documentaire plein de l'énergie du lieu. Jouissif.
Moland Fengkov
 The Blackout
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