Michael - critique du film

:. Réalisateur: Markus Schleinzer
:. Acteurs: Michael Fuith, David Rauchenberger
:. Scénario: Markus Schleinzer
:. Titre Original : Michael
:. Durée: 1:34
:. Année: 2011
:. Country: Austria
:. Pays: Michael

  
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L'Autriche : son ski, son cinéma traumatisant représenté par Michael Haneke, ses affaires de pédophilie. Le premier film de Markus Schleinzer, directeur de casting attitré de l'auteur du Ruban Blanc, a le mérite de réunir tous ses ingrédients. C'est déjà en soi le gage d'un moment de cinéma qui ne laissera pas indifférent.

Chronique distanciée de la séquestration et du viol d'un enfant par un homme tout ce qu'il y a de plus ordinaire, Michael (du nom du ravisseur) s'insinue dans les arcanes d'un inconscient collectif malade. Le film joue précisément de l'écart entre ce qui affleure (la vie sociale) et ce qui croupit dans le secret d'une cave (l'horreur d'une innocence bafouée).

Célibataire parfaitement intégré socialement, quoique distant avec sa famille, Michael mène une vie professionnelle banale, entre pots de départ et congés payés. Mais sous ses atours de normalité, son existence bien réglée masque une terrifiante zone d'ombre : l'homme séquestre depuis des mois un garçonnet dans le sous-sol de sa maison. Le cinéaste ne s'attarde pas sur les abus sexuels dont la petite victime fait l'objet. C'est d'ailleurs l'une des qualités de sa mise en scène que de s'abstenir de toute complaisance et de savoir toujours couper au bon moment. Mais refusant au spectateur les habituels développements propres à une narration classique, il les plonge dans un climat angoissant de bout en bout. Cinglantes comme un couperet, ses séquences s'achèvent brutalement avec leur lot d'interrogations et d'horreur contenue.

Schleinzer installe une tension intolérable à plusieurs reprises. On lui reprochera sans doute d'élaborer un suspense sur les chances de survie du jeune garçon, en l'absence de son bourreau, parti skier une semaine. On s'étonnera encore de la relation particulière qui unit l'enfant à cet adulte, son seul référent tangible avec la télévision installée dans son lieu de détention : entre soumission et révolte, Schleinzer figure le vacillement des repères d'un enfant qui se croit abandonné de sa famille.

Michael est le portrait d'un monstre affligeant de banalité, vivant ses pulsions en toute impunité, au cœur d'une communauté aveugle. Mais le hasard prend le pas et révèle la vraie nature du pervers Michael à son entourage. C'est le sens d'un plan final glaçant qui, loin de produire ses effets libérateurs, instille le doute et la peur.

Markus Schleinzer a su tirer les leçons du cinéma de Michael Haneke et faire sien son univers anxiogène, à l'occasion d'un premier film choc (sans nul doute inspiré par l'affaire Natascha Kampusch) dont on sort d'autant moins indemne que l'actualité se charge régulièrement de révéler les secrets abominables qui se cachent derrière les portes des citoyens les plus ordinaires.


  Sandrine Marques


     Festival de Cannes 2011


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