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Soi Cowboy - critique du film
:. Réalisateur: Thomas Clay
:. Acteurs: Nicolas Bro, Somluk Kuamsing
:. Scénario: Thomas Clay
:. Titre Original : Soi Cowboy
:. Durée: 1:57
:. Année: 2008
:. Country: Thailande, G.B.
:. Pays: Soi Cowboy
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On se souvient de The Great ecstasy of Robert Carmichael comme un ovni dont la scène finale de viol avait fait trembler la Croisette en 2005. Depuis ce coup d'éclat, Thomas Clay s'est fait un nom. Lorsqu'il revient avec un film sur un farang (terme bien connu des touristes et expatriés en Thaïlande qui désigne l'étranger) et une jeune Thaïlandaise sur le point de se marier, la curiosité et l'attente se présentent forcément au rendez-vous. Que réserve ce film qui sonne comme une plongée dans le monde du tourisme sexuel ?
Entièrement tourné en Thaïlande, Soi Cowboy tire son titre d'un quartier de Bangkok entièrement occupé de bars à putes. Quiconque a traîné son sac à dos dans cette contrée reconnaîtra les infimes détails qui jalonnent les plans contemplatifs dans lesquels la caméra se traîne, telle cette vieille dame progressant à pas de tortue séculaire à l'aide de son déambulateur, le long d'un plan séquence ridiculement interminable.
Dès l'ouverture du film, Clay pose le cadre. Il filme en noir et blanc un pays aux mille couleurs chatoyantes pour mieux souligner la surface fugace des relations que les étrangers peuvent tisser avec les autochtones d'apparence si accueillants. Le long segment qui ouvre le film présente un Américain dont la surcharge pondérale en fait l'archétype de l'Occidental prenant sa revanche sur les arcanes complexes qui régissent les relations hommes-femmes. Ici, ce sont les femmes qui viennent à vous. La Thaïlande détient le pouvoir, moyennant finance, de décupler votre sex-appeal et de rivaliser avec un Brad Pitt ou un Jude Law. Choix judicieux, donc de forcer le trait de son personnage. Dès les premiers plans, Clay joue sur la cohabitation extrêmement silencieuse dans le cadre de deux corps aux antipodes : une minuscule Thaïlandaise et un farang obèse. Pas un regard, pas une parole échangés, donc. On l'aura compris : cette relation n'a d'amoureuse que son poids en billets verts, n'en déplaise à la photo en arrière-plan où figure le couple exhibant son succédané de bonheur.
Se succèdent les détails d'un morne quotidien, des courses au 7 Eleven du coin aux déambulations dans les centre commerciaux de Siam Square, en passant par l'achat de DVD pirates (amusant clin d'œil au réalisateur lui-même lorsque Tobias demande au vendeur s'il possède The Great Ecstasy…) et l'achat de viagra à la pharmacie. Le film sert de prétexte à l'évocation d'un pays fantasmé envisagé du point de vue occidental : escapade aux temples d'Ayutthaya en train, course en tuk-tuk, marchandage pour l'achat d'un bijou qu'on paiera tout de même une fortune disproportionnée par rapport à sa valeur réelle, regards désapprobateurs des autres étrangers, larmes et silence après le sexe vécu comme une corvée quand la magie de la rencontre n'opère plus… Le film réussit à dresser un portrait plutôt précis de l'illusion de bonheur que s'achètent les étrangers en Thaïlande.
Seulement voilà, Clay aurait-il mal digéré les films du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul ? Alors que le couple s'enfonce dans l'obscurité d'Ayutthaya, voici qu'il abandonne les mouvements de caméra léchés et soignés pour basculer dans un traitement, en couleurs, davantage documentaire, de la campagne de l'Isan, région rurale d'où viennent la plupart des travailleuses sexuelles. De la vacuité de la relation amoureuse, le film passe dans le monde de la mafia, où un jeune homme décapite son frère pour le compte d'un truand qui ne tarde pas à se débarrasser de lui d'une balle dans la tête. Cette irruption de la violence dans le décor surréaliste d'un dancing ringard tire soudain le film vers son ratage. Clay rate son mariage entre Eros et Thanatos. Dommage.
Moland Fengkov
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