The Housemaid - critique du film

:. Réalisateur: Im Sang-soo
:. Acteurs: Jeon Do-yeon, Lee Jung-Jae
:. Scénario: Kim Ki-young, Im Sang-soo
:. Titre Original : Hanyo
:. Durée: 1:46
:. Année: 2010
:. Country: Corée du Sud
:. Pays: The Housemaid

  
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En offrant une plongée dans le monde cruel de la haute bourgeoisie, The Housemaid se nimbe d'une atmosphère délétère, voire angoissante, servie par une mise-en-scène virtuose, peut-être un peu trop esthétisante, mais maîtrisée de bout en bout et à l'image du monde que le film dépeint : glacial et glacé, lisse et léché. Une mise en images qui tranche cruellement avec la scène d'ouverture du film, tournée sur un mode quasi-documentaire : caméra à l'épaule, plans courts et mobiles, brouhaha de la vie nocturne des quartiers populaires, noria de couleurs éclatantes, promiscuité entre commerçants et passants en goguette, théâtre d'un drame au grand jour, le suicide d'une femme, anonyme, simple silhouette tracée à la craie, mais imprimant sur le sol une mare de sang séché. Par opposition, le reste du film : mouvements de caméra élégants, cadrage équilibré et quelque peu acrobate, rythme plus classique, palette de couleurs ton sur ton, décor aseptisé et confiné où les tragédies se murent dans le silence sans sortir de leur intimité, où elles disparaissent sans laisser de trace, réduites en cendres.

The Housemaid, remake d'un classique du cinéma koréen réalisé en 1960 par Kim Ki-young, raconte l'histoire d'une jeune bouchère engagée comme aide-gouvernante dans une famille de la haute. Investie dans sa tâche, elle trouve sa place au service d'une jeune et belle maîtresse de maison, enceinte de jumeaux et mère d'une enfant élevée à l'image de son père, riche industriel habitué depuis son plus jeune âge à posséder sans effort, c'est-à-dire dans la condescendance des puissants qui " traitent les gens avec respect pour mieux leur monter leur supériorité " (sic). Lorsqu'elle cède aux avances de son patron, dans une scène chargée d'un érotisme de toute beauté, tout en caresses et en cruauté dominatrice, l'équilibre de la famille, jusqu'alors préservé par la vieille gouvernante (fabuleuse interprétation de Youn Yuh-jung), bascule.

Si le scénario s'étire en longueur dans la dernière partie du film, et malgré la morgue des fans de Chabrol, chantre du dynamitage des bourgeois, The Housemaid n'en demeure pas moins une œuvre aboutie qui parvient à ses fins : retranscrire l'oppression des basses classes, destinées à servir, petites fourmis dociles, dominées par des êtres froids sans aspérité. Paradoxalement, un sentiment de claustrophobie se dégage de l'espace pourtant vaste de la maison familiale, du vide qui entoure ses habitants, de sa décoration sobre et raffinée. Alors que l'histoire se perd dans les méandres du drame social, une scène finale (précédant un épilogue superflu car trop démonstratif) d'une intelligence rare parachève ce portrait cruel (attention, spoiler inside !) : la servante s'immole sous les yeux de la famille, pas tant pour choquer les bourgeois que pour transmettre un trauma à la petite fille de ceux-ci. Peine vaine, l'alarme incendie se déclenche, l'eau efface aussitôt les traces du drame, la maison s'en charge, ses maîtres n'ont qu'à se réfugier derrière une vitre pour assister à l'opération, impassibles. Cette scène résume à elle seule toute l'intelligence et la subtilité du film.


  Moland Fengkov


     Festival de Cannes 2010


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