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Tournée - critique du film
:. Réalisateur: Mathieu Amalric
:. Acteurs: Miranda Colclasure, Suzanne Ramsey
:. Scénario: Mathieu Amalric
:. Durée: 1:30
:. Année: 2010
:. Country: France
:. Pays: Tournée
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Pour sa quatrième réalisation, Matthieu Amalric s'immerge dans le milieu du New Burlesque, en filmant la chronique d'une tournée avortée. Déchu, un producteur français espère revenir sur le devant de la scène, avec une revue de strip-teaseuses, importée des Etats-Unis. Vouée à une notoriété toute confidentielle, la troupe se déplace d'une ville portuaire à l'autre (Le Havre, Toulon, La Rochelle), avec l'espoir d'une ultime étape dans la capitale. Mais blacklisté dans le milieu du show-biz parisien et malgré ses nombreux efforts pour se racheter auprès de ses anciens collaborateurs, l'échec est au bout de parcours. A moins qu'il ne s'agisse de rédemption. Car au contact de ses plantureuses danseuses, le manager cynique se laisse toucher par leur grâce et leur authenticité.
Vestes cintrées et moustache de pimp ad hoc, Mathieu Amalric ne se donne pas le beau rôle avec son personnage arrogant et désabusé, prêt à tout pour se refaire. Masochiste, il prend des coups dans la figure, se fait insulter à longueur de film et se révèle enfin émouvant dans la capitulation. Imposant leurs courbes voluptueuses et leur physique hors normes, les sublimes Mimi Le Meaux, Kitten On The Keys et Dirty Martini (stars du New Burlesque aux USA) s'octroient la vedette. Amalric s'attache particulièrement à la blonde Mimi dont il scrute le beau visage grave, pour y traquer toute la solitude propre à une tournée. Par la grâce de sa présence, le film gagne sa profondeur cafardeuse. Souffrant du mal du pays (au point de chercher un semblant d'affection auprès de congressistes tout aussi déracinés qu'elles), ces artistes hautes en couleurs insufflent au film sa beauté mélancolique.
De bout en bout, Mathieu Amalric porte un regard ému sur ces performeuses trimballées d'hôtels en théâtres de province. Et sous l'œil amoureux de la caméra, il les magnifie, tout en les révélant. C'est là l'une des réussites de Tournée : l'idée que se mettre à nu émotionnellement coûte davantage que de se déshabiller sur scène. Entre pudeur et dévoilement donc, le film suit son itinéraire nomade. Oscillant entre drame et comédie, scènes cocasses et désespoir à fleur de peau, Tournée fait de l'envers du décor, sa matière à un beau film féministe, exempt de toute fascination voyeuriste.
Moland Fengkov
 Festival de Cannes 2010
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