Drive - critique du film

:. Réalisateur: Nicolas Winding Refn
:. Acteurs: Ryan Gosling, Ron Perlman
:. Scénario: Hossein Amini, James Sallis
:. Titre Original : Drive
:. Durée: 1:35
:. Année: 2011
:. Country: USA
:. Pays: Drive

  
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Il nous avait laissés avec un chef-d'œuvre métaphysico-tellurique à la lisière du cinéma expérimental, en s'appropriant, avec Valhalla Rising, le film de vikings pour en livrer une version aux antipodes des productions hollywoodiennes. On pouvait donc décemment se demander ce que Nicolas Winding Refn pourrait bien faire d'une histoire ô combien classique de justicier solitaire entraîné dans une sombre histoire de casse qui tourne mal. Complètement dans le second degré assumé, mais qui se prend au sérieux sans en avoir l'air, Drive prend le parti de revisiter les séries B des années 80, avec brio et une certaine jouissance outrancière. Dès le générique, le titre rose bonbon à la Miami Vice et la musique électro à la Giorgio Moroder placent d'emblée le film dans une vaine pop délicieusement surannée.

La caméra déambule en vue aérienne dans les artères de Los Angeles (l'intrigue ne pouvait se placer que dans cette ville, symbole même de l'âge d'or du film noir et du cinéma lui-même), entre deux plans dans l'habitacle d'une voiture, au volant de laquelle un jeune homme (Ryan Gosling, taiseux au possible, tout en posture du corps) au regard calme et félin. On apprend rapidement que ce conducteur au sang froid sert de taxi la nuit pour des mafieux, leur garantissant une sortie du lieu de leur exaction en toute sécurité. Le jour, il retape des moteurs dans un garage et joue les cascadeurs de cinéma. Autant dire que la mécanique et la conduite, il maîtrise. On comprend également que son patron, qui l'a découvert et l'emploie donc au garage comme sur les plateaux de cinéma, traficote avec des truands locaux. Lorsque l'un de ces caïds rencontre le jeune poulain promis à une prochaine carrière dans les courses de stock car, le jeune homme (on ne connaît pas son nom) refuse de lui serrer la main, prétextant avoir les mains sales. " Moi aussi, j'ai les mains sales ", lui répond le truand. Ces deux répliques participent du traitement de Drive, à la limite du pastiche, jouant sans complexe avec les codes du film noir pour en livrer une mouture moderne.

Languide et moite comme le Los Angeles Police Fédérale de William Fridkin, le film joue surtout la carte de la violence crue qui ne se veut jamais gratuite. Témoin, cette magnifique scène où le bellâtre embrasse sa dulcinée au ralenti dans un ascenseur avant de broyer à coups de savates le crâne d'un vilain pas beau. On aura droit au plan serré sur sa chaussure ensanglantée. Tout comme celui sur son visage moucheté de sang et de bouts de cervelles, après un massacre dans un motel. La violence dans Drive prend alors les atours légers d'une certaine pop culture qui désamorce le malaise en faisant sourire. Mais le meilleur reste la dernière partie du film, où, pour mettre un terme à la chasse à l'homme dont il est la proie, il se transforme en chasseur, plus précisément, en justicier masqué, au sens propre du terme, puisqu'il enfile un masque servant aux doublures de cinéma.

Drive flirte constamment avec la caricature, mais assume complètement son rôle de récréation jouissive et les scènes réussies comme celle de l'exécution dans l'océan ou celle de l'ascenseur démontrent bien la maîtrise du réalisateur dans cet exercice qui se veut avant tout un véritable hommage au cinéma de genre.


  Moland Fengkov


     Le Guerrier Silencieux
     Festival de Cannes 2011


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