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Vengeance - critique du film
:. Réalisateur: Johnnie To
:. Acteurs: Johnny Hallyday, Sylvie Testud
:. Scénario: Ka-Fai Wai
:. Titre Original : Vengeance
:. Durée: 1:48
:. Année: 2009
:. Country: Hong Kong
:. Pays: Vengeance
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Si la vengeance est un plat qui se mange froid, dans les ruelles de Macao et de Hong-Kong, on le sert plutôt brûlant, accompagné de sauces épicées qui relèvent ses mille et une saveurs.
Ça tombe bien, puisque dans le cinéma de Johnnie To, on aime se mettre à table. Le projet Vengeance a d'ailleurs vu le jour au cours de multiples rendez-vous dans des restaurants. A l'écran, les protagonistes ne se contentent pas de satisfaire un besoin naturel. Les multiples scènes de repas donnent à voir, racontent des histoires, brossent des portraits et participent du développement de l'intrigue : on y prononce des sentences de mort, on y scelle des pactes et des amitiés, on y témoigne le respect ou son contraire, on y meurt. Tandis que la virtuosité visuelle du réalisateur Hongkongais s'exprime dans celles de fusillades, où on appuie sur la gâchette comme on exécute un entrechat à l'Opéra, où ces héros de western moderne, élégants, nobles et fiers, meurent la clope au bec après avoir partagé un pique-nique avec leurs ennemis. Quoi de plus naturel, alors, que de faire tenir un établissement gastronomique au héros du film, Costello. En échange de cette adresse sur les Champs-Elysées, quelques liasses d'euros et une montre, cet étranger venu dans un pays dont il ignore tout pour venger le massacre de sa famille s'offre les services de trois tueurs à gages, rencontrés dans son hôtel, alors qu'ils exécutent un contrat dans une chambre voisine. Voilà pour le pitch.
De ce scénario qui tiendrait sur l'addition d'un déjeuner sur le pouce, Johnnie To tire l'une de ses plus belles réussites depuis au moins Election 1 et 2. Polar crépusculaire inspiré des cinémas de Melville et de Leone, le film se nourrit de ses références et livre sa propre recette, riche en ingrédients. Car ce qui prime chez To, ce ne sont ni les dialogues ni le scénario, mais avant tout la mise en scène. Chaque plan, millimétré, est le fruit d'un travail d'orfèvre, un espace que remplissent les personnages dont la chorégraphie des mouvements épouse celle de la caméra ou celle des accessoires, comme ce frisbee que se lancent les tueurs des deux camps opposés lors de leur première confrontation.
Pour incarner cette figure du polar à la française, To a choisi un autre Johnny : Hallyday. Revêtu d'un imper seventies et d'un chapeau suranné, l'acteur joue la carte de l'étranger, à la limite de la caricature assumée. Sobre, l'acteur parvient avec brio à nous faire oublier le chanteur, jouant davantage de son corps et de son regard lumineux et perçant.
Fourmillant d'idées, le film livre des séquences mémorables, telles cette séance de tir où les tueurs déplacent une bicyclette en la visant, cette fusillade au clair de lune, où chaque personnage prend sa balle, unissant le groupe pour de bon, ou encore la reconstitution du massacre de la famille, pendant laquelle Johnnie To démontre sa maîtrise du montage parallèle. Cette amitié, en accord avec le nom du resto de Costello, " Les frères ", enrichit l'enjeu du film, puisqu'il ne s'agit plus de venger sa fille et sa famille, mais aussi la mort de ses nouveaux amis. Au final, on sort de Vengeance comme d'un bon repas roboratif partagé en famille ou entre amis. Rassasié.
Moland Fengkov
Vengeance / Looking for Eric - Analyse des films
Fulltime Killer
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