Festival de Cannes 2002
Par nos envoyés spéciaux Laurent Ziliani, Sandrine Marques & Moland Fengkov
Pour le 55ème Festival du film de Cannes, depuis l'ouverture le 15 mai, et jusqu'Ă sa clĂ´ture le 26 mai, Plume Noire vous a enu au courant, jour après jour, heure après heure, des Ă©vĂ©nements cinĂ©matographiques les plus importants de la Croisette. DĂ©couvrez le palmarès. Lisez les critiques des films qui ont marqué le festival et des Ĺ“uvres qui sont passées inaperçues. Une exclusivitĂ© Plume Noire grâce Ă nos envoyĂ©s spĂ©ciaux vous ont fait vivre au rythme des projections et non pas des ragots.
CANNES, LE 26 MAI 2002
Palme d'Or : Le Pianiste de Roman Polanski (Pologne/France)
Grand Prix : L'homme sans passé d'Aki Kaurismäki (Finlande)
Prix d'interprétation féminine : Kati Outinen pour L'homme sans passé d'Aki Kaurismäki (Finlande)
Prix d'interprétation masculine : Olivier Gourmet pour Le Fils de Luc et Jean-Pierre Dardenne (Belgique)
Prix de la mise en scène : Im Kwon-Taek pour Ivre de femmes et de peinture (Corée du Sud) et Paul Thomas Anderson pour Punch-Drunk Love (USA)
Prix du scénario : Paul Laverty pour Sweet Sixteen de Ken Loach (GB)
Prix du jury : Intervention divine d'Elia Suleiman (Palestinien)
Prix du 55ème anniversaire : Bowling for Columbine de Michael Moore (USA)
Caméra d'Or : Bord de Mer de Julie Lopes-Curval (France) présenté dans la section "Quinzaine des réalisateurs"; Mention spéciale : Japón de Carlos Regadas
Cinéfondation : Palme d'Or du court métrage : Eso utan de Peter Meszaros; Prix du jury : The Stone of folly de Jesse Rosensweet & A very very silent film de Manish Jha.
La clôture, comme l'ouverture, était présentée par Virginie Ledoyen, qui a d'abord appelé les membres du jury de la Cinéfondation (Abbas Kiarostami, Judith Godreche, Jan Schutte, Tilda Swinton et le président Martin Scorsese) dont le rôle est de récompenser les courts-métrages.
Hélène de Fougerolles est venue sur scène pour remettre les prix du court-métrage. The Stone of Folly de Jesse Rosensweet (Canada) et A very very silent film de Manish Jha (Inde) ont reçu, ex-aequo, le prix du jury du court-métrage. C'est Eso Utan de Peter Meszaros (Hongrie) qui a reçu la Palme d'Or du court-métrage.
Marthe Keller, Claude Lelouch et Géraldine Chaplin sont ensuite venus remettre La Caméra d'Or, le prix du meilleur premier film à Bord de Mer, de Julie Lopes-Curval. Bord de Mer avait été présenté dans la section Quinzaine des Réalisateurs. Mention spéciale du jury pour Japón de Carlos Regadas.
Puis Virgine Ledoyen a appelé le jury du 55ème festival (Bille August, Christine Hakim, Claude Miller, Raul Ruiz, Walter Salles, Michelle Yeoh, Régis Wargnier, Sharon Stone et le président David Lynch) dont les membres se sont installés sur scène. Après un bref discours de David Lynch, qui a rendu hommage à la qualité des films et les membres du jury, les prix ont été distribués.
Naomi Watts, qu'on avait vu dans Mulholland Drive, a ainsi remis le Prix du 55ème anniversaire. C'est Bowling for Columbine qui a été choisi pour ce prix unique. Unique à plusieurs niveaux, puisque ce prix spécial récompense le premier documentaire sélectionné à Cannes. Bowling for Columbine a été très applaudi lors de sa projection.
Michael Moore est monté sur scène. Il s'est adressé à George Bush, au même moment à Paris, l'exhortant à passer voir son film. Puis il a fait l'effort apprécié de dire quelques mots en français.
Andy McDowell est ensuite venue remettre le Prix du Jury Ă Intervention Divine d'Elia Suleiman.
Puis c'est Karin Viard qui est montée sur scène pour récompenser du Prix du meilleur scénario Paul Laverty pour Sweet Sixteen (film de Ken Loach). Paul Laverty a au passage remercié Michael Moore pour son film.
Pedro Almodovar a ensuite remis le Prix de la mise en scène à Im Kwon-Taek pour Ivre de femmes et de peinture et P.T. Anderson pour Punch-Drunk love.
Le Prix de l'interprétation masculine a été remis par l'incontournable Kristin Scott-Thomas à Olivier Gourmet pour son rôle dans Le fils des frères Dardenne.
Le Prix de l'interprétation féminine est revenu quant à lui à Kati Outinen pour son rôle dans L'homme sans passé de Aki Kaurismaki. Le trophée a été donné à l'actrice fétiche de Kaurismaki par Jeremy Irons.
Antonio Banderas et Rebecca Romijn-Stamos, le couple du dernier film de Brian de Palma, Femme Fatale, sont venus à leur tour pour remettre le Grand Prix à L'homme sans passé de Aki Kaurismaki.
Enfin, vers 20h05, la Palme d'Or, remise par Juliette Binoche, a récompensé The Pianist, de Roman Polanski.
A l'issue de la cérémonie, And now ladies and gentlemen… de Claude Lelouch, avec Jeremy Irons et Patricia Kaas, a été projeté aux festivaliers.
Le palmarès est somme toute très sage, les films qui avaient reçu les sifflets du public comme Demonlover ou Irréversible n'ont finalement rien reçu. On regrettera tout de même un peu que Kiarostami reparte les mains vides.
Le 55ème festival de Cannes est définitivement clos. Alors rendez-vous l'année prochaine sur la Croisette ou sur Plume Noire pour de nouvelles aventures.
Le festival du film est terminé ! En cette journée de dimanche, tous les films ont été projetés à nouveau pour ceux qui n'auraient pas pu les voir auparavant.
Au sous-sol du Palais et dans l'extension « Riviera », le marché du film a également touché à sa fin. Les galeries des exposants sont vides, çà et là les stands sont démontés, quelques vieux magazines abandonnés jonchent encore le sol, et il ne reste désormais que les spectres des acheteurs, des exposants, des journalistes et des curieux qui parcouraient il y a encore quelques heures les couloirs de ce palais fantôme. C'est un peu triste, comme un appartement vide qu'on laisse derrière soi, empli de souvenirs, et la seule chose qui réchauffe le cœur, c'est l'espoir que l'an prochain, on fera à nouveau partie de l'aventure.
La section Un Certain Regard s'est close hier soir. La Quinzaine des Réalisateurs a fermé aujourd'hui.
COMPETITION OFFICIELLE
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24 Hour Party People
Winterbottom revient sur la Croisette avec un film qui ne parlera sans doute qu'à une génération donnée, et à un public particulier. Si Joy Division ou Happy Mondays restent des noms inconnus pour le spectateur lambda, l'ennui risque de poindre. A moins que le parcours du producteur d'une célèbre maison de disque ne parvienne à le tenir en haleine. Pour les autres : jubilation de l'ouïe et de la vue.
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All or nothing
Le nouveau film de Mike Leigh, All or nothing, est un mélo très lacrymal, interprété par des acteurs exceptionnels. On pleure à chaudes larmes.
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Bowling for Columbine
Attention, brûlot ! Le chantre de l'anti-mondialisation, auteur du décapant The Big One, revient en force avec ce documentaire consacré aux armes à feu aux Etats-Unis. Avec ce nouvel opus inspiré, Michael Moore s'impose définitivement comme le poil à gratter d'une société américaine schizophrène, de plus en plus déboussolée, particulièrement au lendemain des événements du 11 septembre.
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Demonlover
L'idée d'un film ayant pour toile de fond l'espionnage industriel et les mondes virtuels, était plutôt excitante à la base. Les intentions du réalisateur n'en étaient pas moins passionnantes également, puisqu'il se proposait de réfléchir notamment sur l'image à l'heure de la mondialisation.
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Le Fils
En 1999, ils avaient quitté la Croisette avec la Palme d'or. Avec Le Fils, les frères Dardenne retrouvent leur acteur fétiche, Olivier Gourmet, dans un film où un homme se retrouve face à face avec le meurtrier de son fils. Future palme ?
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Intervention Divine
C'est un film militant que signe Suleiman et comme souvent en pareil cas, l'excès, pour ne pas parler d'extrémisme, affleure parfois, provoquant un certain malaise.
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Irréversible
Attendu, redouté, le second long métrage de Gaspar Noé ne peut laisser indifférent. Ultime incarnation artistique ou provocation gratuite ? Divisée, notre rédaction l'est tout autant. Si le film pêche à bien des égards, il n'en est pas moins un objet digne de la curiosité suscitée. La critique n'étant - elle - pas irréversible, Plume Noire vous offre une critique 2-en-1, l'une pour et l'autre contre le film. A vous de juger.
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Kedma
L'actualité brûlante dans laquelle s'inscrit le film de Gitaï dément malheureusement cette volonté salutaire de paix exprimée par son personnage. Le réalisateur se tient, tout au long de son film bouleversant, à une juste place, prenant en compte les points de vue opposés des deux camps. Juifs et arabes se sentent dépossédés d'un territoire qu'ils revendiquent légitimement.
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Marie-Jo et ses 2 amours
Guédiguian filme les hésitations d'un personnage féminin irrésolu, appréhendé dans toute sa complexité et son mystère dans cette tragédie aux accents truffaldiens.
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Le Pianiste
Trois ans après l'indigent La Neuvième Porte, Polanski revient avec une réalisation très classique. The Pianist est l'adaptation académique et littérale des mémoires du musicien Wladislaw Szpilman - Palme d'Or 2002.
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Plaisirs Inconnus
L'auteur des très remarqués Xiao Wu, Artisan Pickpocket (1997) et de Platform (2000) revient ici avec un long métrage contemplatif sur la jeunesse chinoise désoeuvrée, dans un pays en pleine mutation.
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Le Principe de l'Incertitude
Le prolifique Manoel de Oliveira, présent depuis plusieurs années maintenant dans la Sélection officielle cannoise, revient avec une très belle adaptation d'un livre de sa romancière fétiche, Augustina Bessa-Luis.
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Spider
Avec Spider, Cronenberg délaisse ses univers organiques pour une fiction très cérébrale.
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Sweet Sixteen
Après la guerre du rail dans The navigators, Ken Loach est de retour sur la croisette avec Sweet Sixteen, un film sur la guerre du rail… de coke. En toile de fond, les thèmes qu'il chérit : la part d'humanité qui se bat dans un monde semé d'embûches.
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Ten
Une femme dans une voiture et dix séquences, dix conversations avec les passagers qui prennent place dans le véhicule. Autant de figures qui témoignent de la condition de la femme en Iran aujourd'hui et du désir d'émancipation, freiné par l'homme dont la domination s'exerce encore et toujours dans cette société.
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UN CERTAIN REGARD
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Balzac et la petite tailleuse chinoise
L'admirable roman de Dai Sijie Balzac et la Petite Tailleuse chinoise, paru il y a deux ans aux éditions Gallimard, et qui a légitimement rencontré un gros succès en librairie, a donc finalement été adapté par l'auteur lui-même. C'est hélas une grosse déception.
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El Bonaerense
El Bonaerense, c'est le nom qu'on donne à la police de la province de Buenos Aires, réputée pour les controverses qu'elle suscite. D'un réalisme et d'une maîtrise technique sans faille, le film de l'Argentin Pablo Trapero nous dévoile les coulisses de ces forces de l'ordre, sans y porter un quelconque jugement.
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Dix-sept fois CĂ©cile Cassard
Le premier film de Christophe Honoré était très attendu. C'est en partie lié à la personnalité de ce jeune auteur surdoué, écrivain et scénariste, passionné de musique.
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Madame Satâ
Premier film de Karim Aïnouz, Madame Satâ retrace un moment de la vie tumultueuse de Joao Francisco dos Santos. Trop sombre et trop enchevêtré, en dépit de bons moments et d'un acteur crédible.
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Une Part du Ciel
Une Part du Ciel met en scène des femmes qui tentent de résister à leur environnement, de prendre l'avantage sur lui. Bénédicte Liénard décrit deux univers en miroir : la prison et l'usine. Dans les deux cas priment l'enfermement, la soumission à une hiérarchie inique, l'exploitation du travail.
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La Pleureuse
La Pleureuse, de Liu Bingjian, est un petit film chinois sympathique, très bien joué par Liao Qin. Dommage que le récit manque de linéarité et de cohérence pour emporter notre totale adhésion.
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Rachida
Première réalisation d'une cinéaste engagée qui situe son propos dans l'Algérie contemporaine, ravagée par ses attentats terroristes et ses massacres de population.
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Ten minutes older : The Trumpet
Le film à sketches, genre tombé en désuétude, n'est pas mort ! Pour preuve, ces réalisations signées de grands noms du cinéma. Sur le thème du temps, chaque réalisateur livre sa propre interprétation, comme autant de figures libres sur un sujet imposé.
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QUINZAINE DES REALISATEURS
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Bord de mer
Un premier film qui, par le truchement d'une galerie de portraits, se regarde comme un spot publicitaire pour une station balnéaire de la baie de Somme. Pour les amateurs.
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Nada+ (Rien)
Cuba n'avait pas eu de film présenté à Cannes depuis 1972. C'est la Quinzaine des réalisateurs qui accueille ce retour sur la Croisette. Une comédie sentimentale qui ne laissera pas un souvenir impérissable mais qui mérite le détour pour sa fraîcheur altruiste.
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L'oiseau d'argile
L'oiseau d'agile est un beau film bengali qui fustige l'intolérance et l'intégrisme religieux en se centrant sur la vie d'une famille modeste sur fond de montée de la guerre civile. A ne pas manquer.
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SEMAINE INTERNATIONALE DE LA CRITIQUE
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Filles perdues, cheveux gras
Une énième galerie de portraits de jeunes filles paumées, dans ce premier long métrage de Claude Duty. Sans prétention, flirtant avec les genres, cette comédie apporte une bise de légèreté sur la Croisette. Trop légère pour laisser une trace, mais suffisamment enthousiaste pour accorder un moment de détente.
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Rana's Wedding
Une histoire d'amour qui donne l'occasion de découvrir le quotidien de Jérusalem, ville qui vit au rythme des alertes à la bombe et des contrôles d'identité.
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HORS COMPETITION
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Ararat
Atom Egoyan souhaitait réaliser depuis longtemps un long métrage sur le génocide arménien, perpétré par les turcs. Dans Ararat, des personnages se croisent et s'affrontent, à l'occasion du tournage d'un film sur la tragédie arménienne.
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Hollywood Ending
Avec un titre comme Hollywood Ending, vous pourriez vous attendre à une satire caustique de la part du célèbre réalisateur new yorkais. Au lieu de cela, le nouveau film de Woody Allen, un exercice charmant mais futile, ne fait qu'effleurer la surface.
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The Kid Stays In the Picture
Empreint de science hollywoodienne, d'humour, avec une touche de légende, cette vision intime de l'ascension, puis de la chute du magnat de Hollywood Robert Evans s'avère être un documentaire passionnant.
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Spirit
De beaux dessins au service d'une histoire complètement inepte : déconseillé aux plus de 7 ans.
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Star Wars Episode II : Attack of the Clones
Avec Star Wars Episode II : Attack of the Clones, Lucas a sans aucun doute inventé un nouveau genre : le soap-opera intergalactique. Une romance à l'eau de rose, des acteurs proches de la « momification » émotionnelle, et des dialogues laborieux pondèrent une première partie difficile à digérer. Mais juste au moment où la menace d'un nouveau désastre semble bien trop réelle, le film sort de sa torpeur pour offrir un final fidèle à l'esprit série B de science-fiction de la première trilogie.
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